Page:Aimard - Rayon de soleil, 1866.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
rayon-de-soleil



Vanderbum accueillit cette apostrophe, démontrait que la sérénité du paresseux esprit logé dans ce gros corps était à l’épreuve de semblables attaques.

À dire vrai, l’estimable Hollandais avait mis un grand empressement à adopter l’usage indien qui consiste à charger la femme de tous les travaux pénibles pendant que le mari se repose.

Cependant il ne pouvait pas se dire à l’abri des reproches, car, si, en vrai chef sauvage, il reposait jour et nuit sa majestueuse personne, d’un autre côté il dérogeait totalement aux prérogatives masculines en n’allant jamais ni à la chasse ni à la guerre ; sa corpulence énorme lui servait d’excuse pour motiver l’incurable paresse à laquelle il s’était voué. Finalement, le digne homme n’était bon à rien dans le ménage, si ce n’était à engloutir les vivres, à fumer, à dormir.

Quelquefois, lorsque le temps était beau, il allait à la pêche ; mais alors il fumait si copieusement que la consommation du tabac excédait notablement la valeur du poisson pris.

En certaines circonstances, on l’avait vu ramasser du bois pour le feu. Les motifs qui l’avaient