Page:Aimard - Rayon de soleil, 1866.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
rayon-de-soleil



Canfleld, énervé par une nuit sans sommeil et par le froid humide de cette matinée glaciale, était atteint de bâillements nerveux, et d’un frisson général qui lui ôtaient toute sa vivacité d’esprit, toute sa vigueur corporelle. Incapable de penser et de parler, il cheminait silencieusement et en trébuchant à côté d’Oonomoo.

L’Indien était toujours aussi vigilant et alerte : rien ne pouvait influencer cette nature d’acier.

Les regards languissants du lieutenant erraient sans but : tout à coup il lui sembla voir une ombre furtive dans le fourré ; mais au même instant il trébucha sur une racine d’arbre : quand il se releva tout avait disparu.

Naturellement il interrogea le Huron des yeux. Ce dernier paraissait impassible :

— Oonomoo ! lui murmura-t-il dans l’oreille, il y a quelqu’un par ici dans les broussailles ; nous sommes en danger ; je viens de voir !…

— Moi aussi j’ai vu, répondit Oonomoo marchant droit au lieu où était apparue l’ombre suspecte.

Canfield frissonna. L’idée qu’un canon de fusil braqué derrière quelque arbre allait vomir sur eux une mort certaine, l’engagea à retenir son compagnon.