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notice

ce spectacle, les hautes fonctions qu’il avait remplies l’éclairaient sur les causes des malheurs des Francs ; il voyait et jugeait leur histoire dans son ensemble, et c’est avec les lumières de l’expérience qu’il a raconté leurs premiers triomphes. Albert au contraire peint les événemens de la première croisade en homme qui ne sait et ne prévoit aucun revers, livré tout entier aux impressions de l’admiration, de la confiance et de la joie. Sa narration en est plus naïve et quelquefois plus animée ; on y retrouve les idées et les émotions des Croisés eux-mêmes dans tout l’élan de leur ferveur. Aucune intention générale, aucune trace de recherches savantes ou de composition littéraire ne s’y laisse entrevoir ; il partage les préventions, les haines, l’ignorance des Croisés, et ne veut que célébrer leur gloire, qui est la gloire de son siècle et de sa foi.

Ce caractère donne à son ouvrage un intérêt et un charme particulier ; les erreurs historiques et géographiques y abondent, et l’art de composer ou d’écrire ne s’y rencontre point. Mais la narration en est détaillée, vivante ; les descriptions des marches, des batailles, des aventures sont quelquefois brillantes et poétiques ; l’écrivain s’émeut et peint, rarement avec talent, toujours avec vé-