Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VIII

DES TIMBRES ET DE L’ORCHESTRE

Un son, surtout d’instrument, est toujours une espèce de bruit par une multitude de sons accessoires, souvent criards, toujours tumultueux, qui l’accompagnent ; et, autant que ces sons sont dominés et négligés, le son offre un timbre qui est propre à l’instrument et quelquefois à l’artiste, par où le son tient à la nature. De là des jeux plus sauvages, où le rythme est le principal, où les timbres essaient toujours de vaincre les sons, et qui sont le propre de l’orchestre. Mais il faut distinguer dans l’orchestre le quatuor à cordes, les bois, les cuivres, et les tambours, cymbales et cloches.

Le quatuor y maintient la pure musique ; et le quatuor à cordes seul est sans doute le meilleur interprète de la plus haute musique. Toutefois il faut faire là-dessus deux remarques ; la première est que le quatuor produit, en dehors des sons, un bruit de rouet qui importune certaines oreilles ; peut-être la musique veut-elle que l’on fasse effort pour vaincre et effacer cette impression. La deuxième remarque est que les sons, s’ils ne sont pas très purs et religieusement conduits et surveillés par les exécutants, arrivent souvent à se contrarier et à s’éteindre ; à quoi l’œuvre même contribue quelquefois aussi. Mais s’il triomphe