revenait de chez Mme Dalyre. La veuve, toujours couchée sur sa chaise longue, exagérant peut-être la faiblesse qui lui permettait une inertie commode, manda, à trois ou quatre reprises, la fiancée de son frère. Celui-ci assistait à ces entrevues diplomatiques et mettait tous ses soins à faciliter la conversation entre les deux femmes.
Vincent cherchait à faire ressortir l’instruction solide, le sens fin de Mlle Gerfaux. Estelle, de bonne grâce, répondait aux questions de la veuve, directes et précises comme en un examen pédagogique.
— Vous dessinez ?
— Un peu… J’ai commencé l’aquarelle.
— Musicienne ? Cela va sans se dire ! Violon ou piano ?
— Je joue du piano, assez médiocrement. Sauf en ces dernières années où mon frère m’a fait travailler, j’ai toujours manqué de temps pour les études nécessaires.
— Ah !… J’avais pensé que… murmura Mme Dalyre. Et son regard étonné et dédaigneux disait clairement : « Quoi ! Pas même un talent à produire ! Pas de beauté transcendante ! Rien d’exceptionnel !… Je ne comprends pas. »
Un certain après-midi, Estelle arriva rue du Puygarreau avec un empressement inusité. Elle