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MERRY ET MOLLY.

Merry avait trouvé le courage d’exprimer hardiment ses désirs, quoiqu’elle sût fort bien que ses frères allaient rire à ses dépens, Ils n’y manquèrent pas, et Mme Grant s’écria toute surprise :

« Mais que pouvez-vous désirer comme chambre, Merry ? Je vous ai, Dieu merci, appris à bien tenir celle que vous avez, et vous avez même la permission d’y faire du feu toutes les fois que vous le voulez.

— Elle est propre, oui, mais elle est si nue, et j’aimerais tant qu’elle fut jolie ! »

Les yeux de Merry, tandis qu’elle parlait ainsi, se tournèrent vers son géranium. Son père avait suivi son regard.

« Je suis de votre avis, mignonne, lui répondit-il, cette plante est jolie, mais je préfère ma petite Merry à toutes les fleurs du monde.

— Oh ! papa, interrompit la petite fille, tout heureuse de trouver l’occasion de demander l’une des choses qui lui tenaient le plus au cœur, je voudrais tant que vous eussiez aussi le goût des fleurs. Si vous m’en donniez, je les mettrais devant la fenêtre, et je suis sûre que vous finiriez par les aimer. Maman dit que ce n’est pas propre dans un appartement, mais je les soignerais si bien que cela ne salirait rien du tout.

— La première fois que j’irai en ville, vous viendrez avec moi et vous choisirez toutes celles que vous voudrez, lui dit son père avec bonté.

— Oh ! merci, papa, s’écria Merry en l’embrassant. À présent, si maman me permettait de son côté d’arranger ma chambre à ma guise, je ne demanderais plus rien, et je ferais toutes mes corvées de ménagère de