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JACK ET JANE.

rades, de petites pièces de vers, et jusqu’à de courtes histoires.

Tout cela se fit graduellement et non pas en quelques jours, bien entendu. Mais rien ne fit plaisir à Jane comme la conduite de son ami Jack. Il resta en chambre pour lui tenir compagnie près de quinze jours de plus qu’il n’était nécessaire.

Voici comment cela se fit. Le jour où il eut la permission de sortir, il était dans un grand état de surexcitation. Il ne tenait pas en place. Il réunit ses cahiers et ses livres de classe, et, pendant que sa mère y remettait des couvertures neuves, il ne cessait de lui répéter sur tous les tons combien il était heureux de retourner à l’école et combien ses camarades seraient surpris de le voir si vite guéri. Mais il songea tout à coup à la pauvre Jane qui ne disait mot.

« Elle dort peut-être, » se dit-il en regardant doucement derrière le paravent.

Non, Jane ne dormait pas. Elle était couchée sur sa planche et tenait les yeux fixés sur la fenêtre à travers laquelle on apercevait la neige étinceler au soleil. On entendait des clochettes de traîneaux, des voix d’enfants tout le tumulte d’une vie animée et bruyante. Il comprit que la vie de la pauvre petite malade allait lui sembler d’autant plus triste et sombre, que son compagnon d’infortune était autorisé à reprendre sa liberté.

Jack, averti par ce regard douloureux et patient, retourna à sa place tout pensif.

Il resta si longtemps perdu dans ses réflexions, que Mme Minot finit par dire à son fils :