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JACK ET JANE.

Joë, n’entendant que le mot « ouvrir, » avait obéi sans penser le moins du monde que ses amis oseraient jamais changer de voie.

La machine no 11 s’engagea sur la grande ligne.

« Je vous revaudrai cela ! » cria Gustave en montrant le poing à Joë stupéfait.

La locomotive marchait avec une vitesse croissante. Frank était ravi, et Gustave lui-même se laissait aller au charme de cette aventure étrange. Il y avait cependant fort à parier qu’il en résulterait des choses fâcheuses.

« Allons-nous vraiment jusqu’à la jonction ? demanda Gustave.

— Certainement, répondit Frank, de l’air résolu qu’il prenait toujours quand il se laissait emporter par sa passion. Bill nous grondera autant si nous revenons maintenant que si nous continuons. Mieux vaut aller jusqu’au bout et prendre au moins du plaisir en échange. Si vous avez peur, dites-le, je ralentirai la marche et vous descendrez. »

Les yeux bruns de Frank étincelaient de bonheur. Quelle joie de pouvoir à la fois réaliser ses plus chers désirs et montrer ses talents à un ami !

« Continuez, dit celui-ci, je descendrai en même temps que vous. Pas avant. »

Gustave se rassit avec calme. L’audace de son compagnon l’effrayait un peu, mais il tenait à honneur de rester auprès de lui et de partager jusqu’à sa punition.

« J’appelle cela tout simplement idéal. Et vous ? lui demanda Frank, tandis qu’ils traversaient une rivière à deux kilomètres de la station, et non loin du tournant.

— C’est assez gentil, répondit Gustave, mais ils crient