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LES MÉFAITS DE FRANK.

« Dieu soit loué ! il n’a pas de mal, » s’écria-t-elle en poussant Frank dans la salle à manger avec aussi peu de cérémonie qu’elle en avait employé pour Joë.

« Je vous demande pardon, lui dit-elle comme explication de sa conduite, mais il y a du monde avec madame votre mère, et cet écervelé de Joë vient de me raconter une histoire qui m’a mis la tête à l’envers. Qu’y a-t-il de vrai là dedans ?

Elle parut soulagée d’un grand poids en apprenant qu’il n’y avait eu aucun malheur.

Mais, pour Frank, le plus mauvais moment à passer était celui où il lui faudrait tout avouer à sa mère. Il le fit pourtant très franchement, ne déguisa en rien la vérité et ne chercha pas à atténuer sa faute.

Mme Minot était si heureuse de voir son fils sain et sauf, qu’elle n’eut pas le courage d’être aussi sévère que l’eût mérité une si terrible escapade. Elle se contenta de lui interdire dorénavant aucune visite à la trop charmante machine no 11.

« Maman, demanda Frank à demi-voix, que va-t-on me faire ? »

Gustave l’avait épouvanté avec son mot de prison.

« Je l’ignore, mon enfant, mais j’irai voir M. Burton aussitôt que possible. Il ne serait pas juste que Gustave souffrit de votre équipée. :

— On verra bien tout de suite que Gustave est innocent, dit Frank avec animation ; mais Joë ne l’est pas, lui, et il doit avoir sa part de la punition. S’il n’avait pas touché à l’aiguille, rien ne serait arrivé ; mais, quand j’ai vu la voie libre, il m’a été impossible de ne pas continuer. »