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LES MÉFAITS DE FRANK.

le lion du jour pour ses camarades. Les jeunes gens sont, en vérité bien étourdis. Le prétendu héros eût couru de grands risques d’être gâté par leur absurde admiration, si la sentence, plus juste, de M. le juge Falk ne l’eût condamné à une amende, de 25 dollars qui lui donna à réfléchir. Ajoutez-y que les sermons de toutes les personnes sérieuses du pays lui ôtèrent toute idée de considérer la faute qu’il avait commise comme un exploit.

Il apprit par la même occasion combien il faut peu compter sur la popularité. Bientôt ceux-là même qui l’avaient le plus admiré se tournèrent contre lui, et il lui fallut appeler à son secours tout son courage, toute sa patience et toute sa fierté pour supporter l’accueil plus que froid qu’il trouva auprès d’eux comme partout.

Ses camarades eux-mêmes lui tinrent en réserve plus d’une taquinerie blessante, et il ne fut pas jusqu’aux petites filles qui de leur côté se mirent aussi de la partie. Un jour, Molly, qui adorait taquiner « les grands, » déposa sur le bord d’une des fenêtres de la maison de Mme Minet une locomotive et des wagons de chemin de fer, un joujou d’enfant appartenant à Boo. Ce jouet était adressé au conducteur Frank Minot, avec le conseil de s’en tenir désormais à ces « trains. »

Frank accueillit ce cadeau par un coup de pied énergique, fit tomber les wagons dans la rue, puis il rentra chez lui en poussant la porte avec une telle fureur que toute la maison en fut ébranlée.

Des éclats de rire de Molly et de son coadjuteur Grif lui répondirent.

Cette maladroite explosion de colère n’eut d’autre résultat que de leur faire rapporter, peu après, les mêmes