Page:Alcott - Jack et Jane.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
LE VINGT-DEUX FÉVRIER.

acteur en marchant gravement les mains derrière le dos.

Il jeta un regard de satisfaction sur le laurier rose, le petit sapin, le myrte et l’oranger nain qui formaient son verger. Tout à coup, il poussa une exclamation de surprise, s’arrêta et fronça le sourcil. Qu’était-ce donc ? L’un des arbres avait été à moitié coupé et l’on voyait à terre une branche ornée de six cerises en laine rouge.

Washington frappa du pied et s’écria :

« Est-ce possible que mon fils ait fait pareille sottise ! »

Il pensait sans doute que oui, car il dit d’une voix de Stentor :

« George ! George Washington, venez à l’instant ! »

Alors on vit arriver Boo en culotte courte, en chapeau à cornes et en souliers à boucles. C’était une vraie miniature de son père. Les spectateurs éclatèrent de rire. C’est à peine si ses petits pieds pouvaient supporter le poids de ses immenses boucles d’argent, et la figure qu’il découvrit en saluant respectueusement son père était si sérieuse, que le véritable Washington lui-même ne dut pas avoir un autre air lorsqu’il fit son immortelle réponse.

« George, lui dit son père d’une voix rébarbative, est-ce vous qui avez coupé cet arbre ? »

Il donna, en achevant cette terrible question, un si grand coup de canne sur le parquet que le pauvre Boo en fut complètement désorienté et parut prêt à fuir. Heureusement Molly lui vint en aide de la coulisse où elle était. Boo mit les doigts dans sa bouche et baissa les yeux sans répondre.

« Mon fils, reprit Gustave, ne mentez pas. Si c’est