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JACK ET JANE.

à ses opérations, qu’ils en oublièrent à la fois l’heure et la petite malade qui leur était confiée.

Le temps se passait. Jane, lasse de les attendre, s’était recouchée au fond de la barque et rêvait à sa mère et à la lettre qu’elle avait reçue d’elle le matin. Elle finit par s’endormir, bercée par le mouvement des vagues ; mais la mer se retirait ; le bateau n’était pas attaché, et chaque vague l’entraînait loin du bord. Jane dormait toujours, inconsciente du danger qu’elle courait.

Tout à coup, elle fut réveillée en sursaut par des cris perçants. Elle se leva si brusquement que son ombrelle en tomba dans la mer, et aperçut sur la plage Jack, Frank et Hughes qui lui faisaient des signes désespérés et l’appelaient de toutes leurs forces.

« Quoi ! Qu’est-ce ! Où suis-je ? » s’écria-t-elle.

Hélas ! les jeunes gens avaient oublié d’amarrer le bateau et il s’en allait à la dérive.

Comment faire pour revenir ? Elle était déjà loin du rivage et elle n’avait pas même de rames. Ses amis avaient laissé les leurs sur le sable à l’endroit où ils avaient débarqué. Elle ne savait pas manœuvrer la voile, et elle était aussi impuissante qu’un enfant de quatre ans. Pas un bateau autour d’elle, pas un navire à l’horizon ! La petite fille resta les yeux dilatés par la frayeur pendant quelques secondes.

« Je vais être noyée, pensa-t-elle. C’est épouvantable ! »

Elle se retourna vers la plage. Jack paraissait prêt à s’élancer vers elle à la nage. Hughes le retenait par le pan de son habit. Frank agitait ses bras comme les ailes d’un moulin à vent et criait comme un perdu :