Page:Alcott - Jack et Jane.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
JACK ET JANE

chaise basse au pied du lit. Elle rangeait un panier contenant des bandes de linge, de la charpie et autres choses semblables. Le gémissement de Jack se changea en une petite toux sèche. Il se souvint de la fermeté et de la tendresse avec laquelle elle l’avait soigné, et il pensa combien il lui avait fallu de courage pour le panser et le voir souffrir ainsi.

« C’est là une meilleure espèce de force que celle que je voulais acquérir par des exercices corporels, se dit-il. Il faudra que je tâche de les avoir toutes les deux. Dorénavant je ne crierai plus quand le docteur me torturera, et je ne ferai même pas un mouvement… Comme elle doit être fatiguée ! » continua-t-il en voyant cette douce figure pâlie par les veilles, mais si patiente, si sereine et si bienveillante, qu’elle semblait un rayon de soleil dans cette chambre de malade.

« Allez donc vous reposer un instant, petite mère, dit-il tout haut. Je vais si bien que ce n’est vraiment pas la peine de rester auprès de moi. D’ailleurs, si j’avais besoin de quelque chose, Frank est là pour me le donner. Couchez-vous, je vous en prie, et tâchez de dormir. »

Jack éprouvait une vraie joie d’écolier à la pensée de tracasser le sybarite Frank.

Après s’être fait un peu prier, Mme Minot consentit à s’éloigner, et elle confia son malade aux soins de Frank en lui recommandant de ne pas faire de bruit si le cher enfant voulait dormir, et de le distraire s’il n’avait pas sommeil. Elle était si fatiguée que la demi-heure de repos qu’elle voulait s’accorder dura trois heures, et, comme le cher enfant n’avait pas sommeil, la tâche de M. Frank n’était pas une sinécure.