Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/204

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« J’ai envie d’apprendre un état ; mais je ne sais lequel choisir, et je tiens à vous demander conseil.

Un état ? répéta le docteur Alec. Je vous avoue que je ne vous comprends pas très bien.

— Ah ! c’est vrai, s’écria Rose, vous ne pouvez pas savoir ! Vous n’étiez pas à Beauséjour quand il en a été question !... Voici ce que c’est : les dames avaient l’habitude de travailler à l’aiguille en causant pendant que nous nous amusions autour d’elles. Je me joignais quelquefois à elles. Un jour, je les entendis parler de la condition des femmes, et dire que toutes les jeunes filles devraient être capables de se suffire à elles-mêmes, car vous savez, les gens les plus riches peuvent devenir pauvres d’un jour à l’autre ! Mme Atkinson a élevé ses filles de cette façon. Kitty grave de la musique, Lizzie peint très joliment, et Jenny gagne beaucoup d’argent en écrivant. Tante Jessie a chaudement approuvé cela, et moi, qui voyais combien ces demoiselles sont heureuses et indépendantes, je me suis promis de les imiter. Qu’est-ce que je pourrais bien apprendre ? »

L’oncle Alec écouta sans sourciller cette longue tirade. Rose avait beaucoup changé depuis son arrivée. Ce n’était plus l’enfant débile d’autrefois qui rêvait plutôt qu’elle ne pensait ; elle s’était développée d’une manière extraordinaire ; si elle parlait peu, elle écoutait et observait beaucoup, et elle devenait rapidement une jeune fille sérieuse et réfléchie, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir ses heures de gaieté et d’expansion. Son oncle était souvent étonné de ses raisonnements.