Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/241

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épanchements de famille, elle se retira avec Fun-See dans l’embrasure d’une croisée. Elle avait le cœur un peu gros d’être ainsi traitée en étrangère ; mais bientôt l’oncle Jem réclama la petite nièce qu’il ne connaissait encore que par ce qu’on lui en avait écrit, et il l’embrassa si chaleureusement que l’enfant lui donna immédiatement son affection.

Les grandes personnes auraient volontiers passé la nuit à causer ; mais les enfants n’entendaient pas de cette oreille.

« Est-ce que nous n’allons pas bientôt danser ? » demanda tout haut Jamie.

Stève prit son chalumeau, et le clan des Campbell dansa une gigue écossaise avec une ardeur dont rien n’approche. Entraînés par un si bel exemple, les parents commencèrent un quadrille, où tante Prudence faisait vis-à-vis à l’oncle Mac, qui s’était départi de sa gravité habituelle pour répondre par des entrechats fabuleux aux révérences d’autrefois de la vieille dame.

C’était le moment d’attirer sous le gui la partie féminine de la société. Ces messieurs déployèrent pour cela tous les moyens que leur suggérait leur imagination. C’était une véritable poursuite qui offrait de nombreuses péripéties.

En Chine, les femmes sont admirées à raison de leur embonpoint. Fun-See se mit en frais pour tante Prudence. Il se fit son danseur assidu, et, avec une audace qui ne s’explique que parce que l’incorrigible Charlie lui en avait soufflé l’idée, il attira la vieille dame sous le