Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/76

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et vos poumons ne sont jamais qu’à moitié remplis à d’air. Je n’admets pas qu’on se serre. »

Rose s’enorgueillissait souvent de sa taille mince et élégante, et ne désirait nullement de la voir grossir. Elle fit la grimace.

Le docteur continua :

« Donnez-moi cette ceinture. Je vous ai rapporté de Turquie des écharpes et des rubans qui conviendront beaucoup mieux à une jolie petite fille ; nous ferons un échange. Voulez-vous ? »

Rose rougit de plaisir et aussi de honte en balbutiant :

« Je suis bien contente de savoir que… que vous me trouvez jolie…

— Seriez-vous coquette, Rose ?

— J’en ai peur.

— C’est un grand défaut.

— Je ne l’ignore point, et je tâche de m’en corriger ; mais on me fait souvent des compliments, et je ne puis m’imaginer que je sois tout à fait laide. »

L’oncle Alec sourit malgré lui.

« La beauté est souvent un don funeste, dit-il, en reprenant son sérieux, et les plus beaux traits du monde ne sont rien si l’intérieur ne répond pas à l’extérieur. Afin que vous soyez plus tard encore moins « laide, » je tâcherai de faire de vous une aussi belle fille que Phœbé.

— Que Phœhé ? répéta Rose stupéfaite.

— Oui. Cela vous étonne, Phœbé a ce qui vous manque : la force et la santé. Quand donc les jeunes filles comprendront-elles que la véritable beauté ne consiste pas à res-