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sous le masque


Pourquoi le froissez-vous, de vos mains, sans raison,
Ce printemps de l’hiver, ce bouquet de décembre,
Il me chauffait encor de ses exhalaisons…
C’était l’âme du soir qui vivait dans ma chambre.

Pourtant ces souvenirs, c’était un peu de vous,
N’étaient-ce pas vos soins qui les avaient fait naître ?
Vous les faisiez grandir, vous en étiez jaloux,
— Non, rien de tout cela, sans vous, ne pouvait être.

Alors ne tuez pas ces morts, encor vivants,
Qui furent vos bonheurs et vos espoirs, les nôtres,
Ils se lèvent la nuit, pour nous parler souvent,
Pour vous dire mon nom, et me dire le vôtre.

Laissez le souvenir reposer dans le lieu
Choisi par notre oubli et par notre détresse,
Et n’allez pas ternir la beauté de l’Adieu,
Et du passé, sous sa couronne de tristesse.