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sous le masque


C’était un soir profond de tendresse et de rêve,
Dans un commencement d’automne, je crois bien,
Nous nous serrions, sentant que toute chose est brève…
Dans tes yeux d’aujourd’hui, je vois tes yeux anciens.

Aussi bleus, aussi grands et pleins de nostalgie,
Tes yeux me regardaient dans l’avenue en fleurs;
Sur nous, le soir obscur étendait sa magie,
Et le vent confondait nos robes sans couleurs.

Il me semble que la maison n’était pas haute,
Qu’une enfant, sur le seuil, nous présentait des fleurs,
Peut-être en ce temps-là, dormions-nous côte à côte,
Peut-être en ce temps-là, que nous étions des sœurs.

Je vois un puits de pierre, une cour, des dallages…
Nous sommes toutes deux, assises, sur un banc ;
Pourquoi ne puis-je pas retenir ces images,
Dont la douceur, pour nous, charmerait le présent ?