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sous le masque


Autrefois, sur mon bras, il dormait tendre et fier ;
Je voyais son regard à travers ses paupières,
A-t-il pris, pour mourir, sa pose familière ?
Et ses yeux sans regards, peut-être, sont ouverts ?

Je n’écarterai plus ses cheveux sur sa tête,
Je ne le verrai plus sourire en s’éveillant,
Je ne connaîtrai plus la délicate fête
De prendre, en un baiser, la gaîté de ses dents.

Que n’ai-je pu du moins, charmer sa dernière heure !
Éclairer la douleur et l’ombre du chemin ;
Pour qu’il sente qu’une âme est près de lui, qui pleure,
Que je borde son lit de mes tremblantes mains.

Mais non ! le lit est fait de feuilles et de terre,
C’est un lit à la fois, étroit, vaste et glacé…
Sans couronnes de fleurs, sans cierges mortuaires,
Je ne sais où — là-bas — est mort le bien-aimé !