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sous le masque


Je vois Celle qui rêve au bord de la fenêtre
Celle qui se détourne et qui mord son mouchoir,
Celle qui dit « qui sait ? » celle qui dit « peut-être ? »
Celle qui ne dit rien et regarde le soir.

Je vois la délaissée et ses tresses défaites
Sa robe qu’une main chère n’ouvrira plus
Et tous les baisers morts sur sa lèvre muette
Et les baisers vivants, désormais superflus.

Je vois tous les chagrins qui traînent par la ville,
Les désespoirs assis le long des boulevards.
J’entends tous les sanglots des longues nuits stériles
Les sanglots étouffés dans les chambres épars.

Je souffre de l’attente et je souffre du doute
Je m’agenouille aussi, je verse tous les pleurs.
Vos peines, ô mes sœurs, je les éprouve toutes,
Vos chagrins mille fois m’ont traversé le cœur.