Page:Alessandro Manzoni - Les fiancés, trad. Montgrand, 1877.djvu/575

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faire, on peut dire que la nuit et le jour, le soleil et la pluie, le zéphyr et l’aquilon étaient tout un pour lui dans ce moment. Il remercia donc le père, en disant qu’il voulait aller le plus tôt possible chercher Agnese.

Lorsqu’ils furent dans l’avenue du milieu, le religieux lui serra la main et dit : « Si tu la trouves (ce que Dieu veuille), cette bonne Agnese, fais-lui mille compliments aussi pour moi ; dis-lui, comme à tous ceux qui sont encore en vie et qui se souviennent de frère Cristoforo, de prier pour lui. Que Dieu t’accompagne et te bénisse pour toujours.

— Oh ! cher père !… nous reverrons-nous ? nous reverrons-nous ?

— Là haut, j’espère, » et en disant ces mots, il se sépara de Renzo. Celui-ci, après être resté à le suivre des yeux aussi longtemps qu’il l’eut en vue, alla vivement vers la porte, en jetant à droite et à gauche ses derniers regards de compassion sur ce séjour de douleurs. Il se faisait un mouvement extraordinaire, les monatti couraient dans toutes les directions ; on transportait à la hâte les objets à sauver de l’eau, on rajustait les tentes des baraques ; les convalescents traînaient leur faiblesse vers ces baraques et vers les galeries pour se mettre à l’abri de l’orage sur le point d’éclater.