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DONATELLO.

plastique du sévère et fougueux statuaire, comme les scherzos sont les accès de gaîté musicale de Beethoven dans ses symphonies. Il demeure toujours un peu d’abstraction et d’effroi.

Le répertoire d’enfants, d’êtres vifs et gracieux, créés par Donatello est fort vaste, et le catalogue détaillé en serait long. Une personnification toute particulière, saisissante et multiple, y tient une très grande place. C’est l’invention du caractère de Saint Jean-Baptiste, qui, dans l’œuvre, apparaît plus souvent sous les traits d’un enfant que sous ceux d’un jeune homme, d’un homme fait ou d’un vieillard, bien que ces trois aspects existent également. Le patron des Florentins, indépendamment de l’occasion toute naturelle et incessante de commandes qu’il offrait aux artistes en renom, a, sans contredit, intéressé Donatello en lui-même, pour les idées qu’il évoquait, pour ce mélange de grâce et de sauvagerie, de méditation et d’ardeur, dont l’imagination des fidèles est arrivée peu à peu à constituer sa physionomie de légende. Une vaste gamme d’expressions, depuis la douce mélancolie d’un enfant prédestiné jusqu’à l’ascétisme du jeune garçon déjà presque un jeune homme (la statue si sublimement gauche du palais Martelli), a été fournie par ce thème.

Il en est même un qui, tout frêle et plein de douceur, fait frissonner. C’est le Giovannino du musée national, ce petit Saint Jean en haut-relief de profil qui fait passer dans notre esprit, brusquement, l’impression composée de l’enfance et de la mort. Nous avons déjà fait une allusion