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DONATELLO.

les figures allégoriques des grands tombeaux cités.

Maintenant il est possible que Donatello ait pensé avoir mieux à faire que de modeler des fadeurs pour plaire aux bourgeoisies dégénérées qui viendraient après lui. Il est vraisemblable que l’énergie chez la femme lui ait semblé plus digne d’être étudiée et glorifiée par son outil. Ce qui le fait penser, c’est qu’il a mis un soin tout particulier à deux œuvres parmi ses plus originales. Je veux parler de la Madeleine ou de la Sainte Marie Égyptienne du Baptistère, et du fameux groupé de Judith.

Cette œuvre, que le sculpteur exécuta pour la seigneurie de Florence et que la mordante malice des citoyens de Florence retourna contre elle après l’expulsion des Médicis, en l’installant sur la place avec cette devise : « Exemplum salutis publicæ vives posuere, » cette Judith est une conception très à part, Donatellesque à l’extrême, et qui n’a d’analogue dans aucun art. Elle est jaillie telle quelle, sans précédent même lointain dans l’art antique, et depuis personne n’a osé s’en inspirer, même parmi ceux qui se font des bénéfices avec les hommages qu’ils rendent à leurs grands devanciers. La facture de cette œuvre est, en quelque sorte, implacable comme l’idée elle-même. Le bronze qui donne la durée à cette forme si polie et si ferme, à ces draperies magistrales, semble être ici un métal plus dur que de coutume. Au surplus, Vasari insiste sur la beauté de la fonte, sur les soins inouïs avec lesquels Donato la répara. La préméditation visible avec laquelle l’artiste a fait tenir deux figures dans l’espace