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DONATELLO.

motif d’enfants effrayés. C’est certes un badinage, mais il est significatif. On pourrait, pour mieux faire comprendre ce qu’il y a de saisissant dans cette indication, emprunter une comparaison aux premières œuvres de Beethoven, où, dans la pureté de thèmes et de développements qui rappellent Mozart et Haydn, apparaissent déjà, comme des éclairs sinistres et voilés, de poignants accords et une plainte soudaine. Les débuts des génies ont des analogies à travers les temps.

Enfin, un trait d’une portée singulière, et qui n’a pas été suffisamment relevé, est cette recherche du nu dans les compositions du jeune sculpteur. Il ne s’en tient pas aux séductions approximatives. Il veut, avidement, connaître l’être humain avant d’en faire un personnage de divinité ou de rêve. Il lui faut la vérité, et sur cette vérité, il édifie sa passion. C’est là une chose dont on peut dire qu’elle sonne nouveau dans l’art. Des domaines inattendus sont ouverts. La peinture en profitera à son tour, et Masaccio, qui est un grand novateur en son genre, bien que nous ne puissions le juger que par le peu (et pourtant le beaucoup) qui subsiste de son œuvre, subit d’une façon avérée, historique, l’influence de Donatello en ce sens. Si, comme nous l’avons dit, le terme de Primitif avait le moindre sens, ce serait ici le lieu de constater que Giotto et Orcagna, maîtres d’une grandiose ingénuité, peuvent être encore considérés comme tels, mais que l’appellation donnée à Donatello, à Paolo Uccello, à Masaccio, n’a plus de raison d’être et devient un contre-