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DONATELLO.

sont enfin obligés, pour vivre, de s’engager comme ouvriers chez des patrons orfèvres. Brunelleschi travaille comme monteur de joyaux. Donatello je ne sais comme quoi. Et puis Brunelleschi, méditant une œuvre immense, dont il ne s’ouvre à personne, pas même à son ami, demeure à tout prix à Rome, tandis que Donato doit enfin la quitter et retourner à Florence en soupirant.

Donatello s’arrêtera en route, en grand voyageur qu’il est et sera encore plus d’une fois. Il passe par Orvieto pour admirer la façade de marbre de la cathédrale, un des joyaux de l’émotion humaine. Il travaille même un peu de temps à des besognes qu’il trouve en cette ville. Il fait aussi un séjour à Cortone, où il remarque des sculptures antiques heureusement placées là pour adoucir ses regrets de Rome, entre autres un sarcophage orné de bas-reliefs dont il fera à Brunelleschi de retour à Florence un tel éloge, que celui-ci, à l’improviste, s’en ira, à pied, le voir, afin de reprendre la conversation en meilleure connaissance de cause. (Donatello et les témoins de l’entretien en seront tout ébahis quelques jours après, ayant cru Brunelleschi simplement enfermé dans la solitude de l’atelier.)

Tous ces traits sont familiers, entraînants, vivants. On entend les controverses des deux artistes, on reconstituerait leurs exclamations, leur beau langage musical, leur mimique passionnée. C’est des années de jeunesse que date aussi l’anecdote si connue des deux Christs. On aurait bonne envie de la passer sous silence, tant elle a été rap-