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IV


Un créateur d’hommes, c’est ce que Donatello nous apparaît être dans ses apôtres et ses prophètes d’Or San Michele et du campanile. Jamais l’énergie humaine, jamais la profondeur et l’âpreté de la pensée, n’avaient été interprétées, incarnées avec une semblable force et une semblable grandeur.

Si Donatello pensa jamais s’inspirer de l’art antique, ce fut bien une illusion, car entre l’art de l’antiquité et le sien, il n’y a de commun qu’une grande beauté, mais la nature même, la méthode, les aspirations, la réussite, tout est différent.

L’art antique bannit l’inquiétude, évite systématiquement le trouble, élimine comme une scorie toute trace de passion, et en général tout ce qui caractérise l’individu. Il demeure cependant humain, malgré ses hautes généralisations, mais d’une humanité qui ne se peut spécifier. Vénus, Junon, Apollon, sont reproduits à d’innombrables exemplaires, ne différant que par la plus ou moins grande perfection que l’artiste a su leur donner. Chacune de ces figures a, pour ainsi dire, une beauté de groupe. On ne peut pas dire, comme dans l’art moderne, que tel artiste « a compris Vénus de telle façon ». Une pareille