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DONATELLO.

belles, sinon plus belles, que celles de l’art antique.

Oui, elles rappellent l’art antique, ces œuvres, mais comme une belle chose de n’importe où rappelle une autre belle chose de n’importe quel autre temps et pays. Donatello s’en est, si l’on veut, inspiré, mais pour s’en exalter, pour s’en exprimer mieux en sa propre langue. On peut trouver des rapports entre le style de telle statue d’empereur romain et le Saint Pierre ou le Saint Marc, mais combien la main qui les sculpta est plus ferme, combien l’ouvrier se révèle plus ardent et plus fier que les officiels ouvriers, si indifférents, de l’immense flagornerie impériale ! Ces statues ressemblent à leur prétexte d’origine comme l’acier trempé ressemble au mol minerai dont il fut extrait.

La statue de Saint Pierre (exécutée entre 1406 et 1410) se présente la première. Elle fût commandée à la suite de la fameuse joute des crucifix, par la corporation des bouchers. L’apôtre porte en main les clefs et le livre. Il est attentif et droit ; un peu rude, mais sans ce terrible émoi qui ravage intérieurement la plupart des autres. Même un sourire passe sur son visage, et ce sourire n’est pas dénué d’orgueil. C’est peut-être la plus simple et la plus forte statue de la série.

Le Saint Marc, du même moment (1411), est déjà plus inquiétant. Il y a autant de raillerie que d’enthousiasme dans ces yeux fiers. Il est étonnant qu’un homme aussi jeune relativement que l’était Donatello à cette époque ait pu concevoir et réaliser des types de penseurs aussi