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DONATELLO.

est une interprétation, florentine et Donatellesque entre toutes, d’ailleurs, du Jupiter olympien. La grande barbe, la chevelure bouclée, celle-ci un peu diminuée, celle-là un peu allongée, ne sont pas pour infirmer cette assimilation à un Zeus, et mettez, au lieu d’un livre, un emblème de la foudre sous cette main qui se repose, la transformation ne sera ni lente, ni malaisée.

Mais une discussion plus curieuse encore se présente, non plus si l’on considère les prédécesseurs de Donatello, mais son successeur le plus grand, Michel-Ange. Il est indéniable, et il est tout à fait superflu d’y apporter toute sorte de respectueuses restrictions, que Buonarrotti s’empara de cette attitude, de ces lignes, de ce caractère pour en faire son écrasant Moïse. Il y mit à son tour tout ce qu’il avait de génie. Et c’est cela qui différencie ces deux chefs-d’œuvre, bien plus que l’interversion dans la pose des bras ou les changements superposés à des détails de physionomie, de mouvement ou de costume. La question est donc très simple. Michel-Ange rendait pleine justice à Donatello. Au contraire, c’est un magnifique hommage qu’il lui a rendu, non plus en paroles, mais en action, en s’inspirant de lui. Comme on n’avait point les mêmes étroits préjugés qu’aujourd’hui sur la propriété des idées, et que l’on considérait que la véritable originalité résidait dans leur traitement, Donatello, « esprit d’ordre inférieur et n’ayant pas le sens de la représentation de la vie proprement dite », ainsi que l’a écrit je ne sais quel absurde critique allemand, aurait parfaitement