Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/137

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tourbe titrée, et de détruire cette coutume pernicieuse1.


BASMANOFF.

Ah ! tzar, cent fois béni sera le jour qui dévorera tous les livres du Rozriad, avec tous les troubles qu'ils font naître, avec l'orgueil nobiliaire.

BORIS.

Ce jour n'est pas loin. Laisse-moi seulement le temps de calmer l'agitation du peuple.

BASMANOFF.

A quoi bon s'en soucier ? Le peuple est toujours enclin aux agitations. Ainsi un cheval mord son frein ; un adolescent s'indigne con

1. Le Rozriad était une espèce de Livre d'or, un registre où l'on inscrivait les emplois qu'avaient occupés les membres de la noblesse. Ilavait donné lieu à cette règle singulière, que le fils d'un gentilhomme ne pouvait pas occuper une place inférieure à celle du fils d'un autre gentilhomme dont l'emploi avait été inférieur à celui de son père. De là naissaient de continuels et interminables procès de prééminence. En outre, cette coutume rendait très-restreint le choix du prince pour les divers emplois publics. Ce fut Féodor, frère aîné et prédécesseur de Pierre le Grand, qui mit fin à ces abus en faisant brûler publiquement les livres du Rozriad.