Page:Alexandre Pouchkine - Poèmes dramatiques, Viardot, 1862.djvu/9

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publié peu de temps après. Quel étonnement ce dut être parmi tous les Russes lettrés, de voir un jeune homme de vingt-cinq ans s’élever tout à coup à la forme de Shakspeare dans ses drames chroniques, lorsqu’à peine commençait de poindre en Europe ce qu’on a nommé la fièvre shakspearienne, c’est-à-dire la connaissance et l’imitation du grand dramaturge anglais ! Mais la surprise, il faut l’avouer, fut d’abord plus grande que l’admiration ; Boris Godounoff n’eut pas un succès d’éclat, et les compatriotes de Pouchkine ne lui rendirent pleine justice qu’après que l’Europe entière eut, un peu plus tard, connu et adopté cette forme de poésie, mi-partie d’histoire et de drame.

Les petites pièces qui ont pour titre Mozart et Saliéri et la Roussâlka furent également publiées du vivant de Pouchkine. La première est, comme on le verra, une espèce d’étude psychologique qui repose sur un bruit d’empoisonnement, assez répandu à la mort presque subite de Mozart, sans autre fondement toutefois que la jalousie connue de Saliéri à l’égard