Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/61

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ans les livres scientifiques, qui relit Lucrèce et Montaigne, et qui, avant d’avoir vécu lui-même, projette de constater où en est la vie de l’humanité. Plus tard, quand le jeune rêveur sera devenu un homme pratique, il lui restera quelque chose de cette tendance à « faire grand, » et, romancier, il écrira, non pas des romans isolés, mais « l’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire. »

C’est vers la fin de cette cruelle année (1861) que, muni d’une recommandation de M. Boudet, membre de l’Académie de médecine, Zola se présenta chez l’éditeur Hachette. Malheureusement, il n’y avait pas de place immédiatement vacante, et M. Hachette ne put le prendre comme employé que quelques semaines plus tard. En attendant, pour apporter un adoucissement à la situation du jeune homme, tout en ménageant son amour-propre, M. Boudet lui glissa une pièce d’or dans la main, en le priant de remettre à domicile ses cartes de jour de l’an. Un jour de l’an bien triste ! Parmi ces cartes, plusieurs étaient destinées aux parents de certains de ses condisciples. Mais, un mois après, en 1862, le distributeur de cartes par occasion, entrait dans la maison Hachette, au bureau dit « du matériel, » avec des appointements de cent francs par mois. Pendant quelques semaines, ses fonctions se bornèrent à « faire des paquets. » Puis, montant en grade, il entra au bureau de la publicité. Le pain était désormais assuré. Laborieux et consciencieux, comme il l’est par