Page:Alexis - Émile Zola. Notes d’un ami, Charpentier, 1882.djvu/74

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cet Émile Zola, que personne ne connaissait et qui piétinait toutes les idées artistiques ayant cours, ne respectant rien des hommes ni des choses, jusque-là réputés les plus respectables. La logique, l’accent de conviction ardente avec lequel le nouveau critique d’art enfonçait la cognée, exaspérèrent. Ce qu’on trouva exorbitant par-dessus tout et intolérable, ce fut la défense acharnée de ce Manet, dont le talent original encore incompris excitait la colère et la risée, et que le critique mettait héroïquement au-dessus des médiocrités gorgées de succès. Des forcenés allèrent jusqu’à déchirer le journal en plein boulevard, devant les kiosques. Le salonnier de l’Événement recevait jusqu’à des trente lettres par jour, contenant quelques-unes des encouragements, la plupart des injures ; il faillit avoir un duel. Enfin, M. de Villemessant, inquiet, coupa court à l’émeute, en priant Zola de terminer brusquement Mon Salon en deux articles : ce qui fut fait. Mon Salon parut en brochure chez Julien Lemer. La brochure est aujourd’hui épuisée. Mais on retrouve, à la fin de la nouvelle édition de Mes haines, ces quelques articles, qu’il est bon de consulter, si l’on veut comprendre l’évolution artistique des vingt dernières années.

Une autre tentative de Zola à l’ Événement, celle-là moins brillante, fut un feuilleton : le Vœu d’une morte. Peu après « Mon Salon, » désireux de tenter une expérience, il proposa à M. de Villemessant