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L’INFORTUNE DE MONSIEUR FRAQUE

front. Maintenant il n’espérait plus. C’était fini : celui qu’il attendait, pour une cause ou pour une autre, cette année, n’avait pu venir. Tout était à recommencer ! Il fallait en prendre son parti, chercher un meilleur moyen, trouver une combinaison plus simple, plus sûre. Tout à coup, pendant qu’on applaudissait encore le discours de M. le Principal, le pasteur protestant dut s’appuyer au tronc du platane près duquel il se tenait debout : M. Fraque était devant l’estrade, effaré comme quelqu’un qui arrive tard, ses blancs cheveux hérissés, recevant des poignées de main, cherchant une place. Le docteur Boisvert fut enchanté de lui céder la sienne, de partir ostensiblement : son ennemi personnel, M. le maire, se mouchait déjà et toussotait à son tour pour se faire une voix claire.

Le reste alla tout seul. La courte allocution de M. le maire semblait à M. Menu une musique dorée. Quand le sous-principal, qui proclamait les lauréats, en fut à la troisième, et eut appelé : « Récitation classique… second prix : Eudoxe Menu, de Noirfond, externe libre… » tout se passa selon le programme arrêté une nuit dans la chambre conjugale des époux Menu, d’un lit à l’autre. Eudoxe eut l’air, pour la forme, d’hésiter, de chercher dans la foule ; puis il dit tout bas à l’oreille du maître d’études qui attendait, le prix et la couronne à la main :

— Monsieur l’ex-procureur du roi…

M. Fraque aimait la jeunesse ; pour lui, les palmes