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LA FIN DE LUCIE PELLEGRIN

Puis, leurs yeux, s’accoutumant à la demi-obscurité, distinguèrent des particularités. Il n’y avait plus de grands rideaux aux fenêtres. Héloïse fit remarquer d’un geste les plantes de la jardinière qu’on avait laissé mourir. Marie la frisée, qui venait de passer l’index sur le palissandre d’un meuble, montra son doigt blanc de poussière avec un sourire qui signifiait : « Il y a bien quinze jours qu’on n’a plus nettoyé ici ! » Et ce fut surtout la grande Adèle qui, dans sa surprise de ce qu’elle découvrit, chuchota tout bas :

— Plus de garniture de cheminée, voyez… on a enlevé la pendule et les candélabres.

Cependant, la porte de la chambre de Lucie Pellegrin était entre-bâillée. Elles prêtaient l’oreille.

— Lucie, Lucie ! appela doucement la grande Adèle.

Elles toussèrent à plusieurs reprises.

— Y a-t-il quelqu’un ? dit plus haut Marie la frisée.

Elles frappèrent deux ou trois petits coups discrets.

Enfin elles se décidèrent à pousser la porte. Et la chambre leur sembla déserte comme la pièce d’entrée, comme la cuisine, comme le salon, comme tout l’appartement, comme la loge de madame Printemps. Elles tendaient avidement le cou, leurs regards pénétraient jusqu’à l’alcôve maintenant, et l’alcôve aussi devait être vide. Elles n’entendaient que le bruit de leur respiration. Lucie Pellegrin n’était sans doute plus là, à moins qu’elles ne la retrouvassent morte dans ce lit enfoncé sous des