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LE COLLAGE

— Oui, mes amis… Serrons-nous la main, en gens de revue.

Et les trois hommes se donnèrent des poignées de main. Mais ils ne se séparaient pas tout de suite. Quelque chose leur manquait à chacun.

— Eh bien ! si l’on s’embrassait ? fit Clouard.

C’était cela ! Une fois qu’ils se furent embrassés le Bellevillois, l’âme plus solide, dit que tout cela ne suffisait ; il fallait boire un verre. D’ailleurs n’était-ce pas sa tournée ? Il payerait, lui. Et voilà les trois amis entrés chez un marchand de vin de la rue de la Douane.

Après la tournée du Bellevillois, les autres voulurent y aller de la leur. Enfin, à l’angle de la rue et de la place, ils s’embrassèrent encore.

— Alors, adieu.

— Non, à bientôt !

— Alors, à quand ? cria Clouard.

Les deux autres s’étaient déjà éloignes de quelques pas. Mais le Bellevillois retourna la tête ; et, faisant de ses mains arrondies un porte-voix :

— À quand ?… Parbleu à la prochaine Commune !…

À la prochaine Commune, eh ! elle était bonne, celle-là. Impayable, ce Bellevillois, un peintre en bâtiment, très farceur, dont les lazzis et les cris burlesques les avaient plusieurs fois amusés pendant le voyage. En s’en allant, tout seul, Clouard, légèrement surexcité par la fête, par les tournées,