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LE COLLAGE

des guirlandes en papier, sous des drapeaux. Deux ou trois lampions, à des fils de fer, brûlaient encore. Un nouveau coude de la rue et là, tout de suite, à gauche, le numéro 47 : une manière de porte cochère délabrée, toujours ouverte à deux battants, surmontée de feuillages verts et de deux drapeaux, donnant accès dans un passage à ciel ouvert, étranglé entre deux hautes murailles sans fenêtres. Au fond de l’étranglement, le même marchand de vin qu’autrefois, avec des mots peints en noir sur le plâtre du mur : « Vin en bouteille, — Vin à emporter. » Puis, un retour et un resserrement du couloir à ciel ouvert. Enfin là, devant lui, une masure à deux étages.

Au rez-de-chaussée, le commencement d’un escalier en pierre, dont la première marche était de plain-pied avec le pavé de la ruelle. À côté de l’escalier, au-dessus d’un hangar fermé par une porte à claire-voie : « Fabrique de noir à sabots et à galoches. »

Jacques, avant de gravir les marches usées, se tenait à la rampe en plâtre. Quel battement de cœur ! Avant de monter, il avait reconnu, aux fenêtres du second étage, deux caisses à fleurs : son œuvre. Jadis, pour faire plaisir à Adèle, un dimanche, avec de vieilles planches, il les avait établies dans l’embrasure de chaque fenêtre. La terre, sa femme et lui étaient allés ensemble la ramasser sur la butte, prés du moulin de la Ga-