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DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE.


DIFFICULTÉ DE DISCERNER LES CAUSES QUI PORTENT LE

GOUVERNEMENT AMÉRICAIN À L’ÉCONOMIE.


Celui qui recherche dans les faits l’influence réelle qu’exercent les lois sur le sort de l’humanité, est exposé à de grandes méprises, car il n’y a rien de si difficile à apprécier qu’un fait.

Un peuple est naturellement léger et enthousiaste ; un autre réfléchi et calculateur. Ceci tient à sa constitution physique elle-même ou à des causes éloignées que j’ignore.

On voit des peuples qui aiment la représentation, le bruit et la joie, et qui ne regrettent pas un million dépensé en fumée. On en voit d’autres qui ne prisent que les plaisirs solitaires et qui semblent honteux de paraître contents.

Dans certains pays, on attache un grand prix à la beauté des édifices. Dans certains autres, on ne met aucune valeur aux objets d’art, et l’on méprise ce qui ne rapporte rien. Il en est enfin où l’on aime la renommée, et d’autres où l’on place avant tout l’argent.

Indépendamment des lois, toutes ces causes influent d’une manière très puissante sur la conduite des finances de l’État.

S’il n’est jamais arrivé aux Américains de dépenser l’argent du peuple en fêtes publiques, ce n’est point

    indigents, la somme de 1,290,000 francs. Et la somme consacrée à l’instruction publique est estimée s’élever à 5,420,000 francs au moins. (Williams, New York annual register, 1832, pp. 205 et 243.)

    L’État de New York n’avait en 1830 que 1,900,000 habitants, ce qui ne forme pas le double de la population du département du Nord.