Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas au moins charger les générations futures des chaînes qu’elle voulait se donner, et les contraindre à les resserrer encore et à les supporter. Toute puissance illimitée est donc par cela même, toujours ou dans son origine ou dans ses progrès, une atroce et manifeste violation des droits naturels et sacrés de tous. Ainsi je donne à tout homme le droit de juger, si celui qui l’exerce peut jamais tranquillement, et sans trembler, jouir de la funeste prérogative qu’il a usurpée de nuire impunément, et d’une manière illimitée, à tous en général et à chacun en particulier : tandis que tout homme honnête se croirait très-malheureux de pouvoir nuire de cette manière à son meilleur ami, lors même que celui-ci lui en a donné le droit de sa propre volonté ; dès ce moment même toute amitié viendrait à cesser, à la seule pensée de la possibilité de l’exercice d’un tel droit. La nature de l’homme est de craindre, et, pour cela, d’abhorrer quiconque lui peut nuire, lors même qu’on peut le faire avec justice ; et pour preuve de ceci, chez les peuples ou l’autorité paternelle et maritale sont portées à l’excès, on trouve les exemples les plus terribles et les plus répétés, de