Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2125
2126
ASSISTANCE DU SAINT-ESPRIT

sur tous les membres de l’Église et sur l’Église elle-même. J. Corluy, Commentarius in Evangeliwai S. Joannis, 2* écrit., Gand, 1880, p. 347-351, 355-356, 374-375 ; Id., Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884, t. i, p. 25-31 ; T"illion, Évangile selonS. Jean, Paris, 1887, p. 284-285, 305-306 ; Id., La sainte Bible, Paris, 1901, t. vii, p. 563-564, 572 ; J. Knabenbauer, Comment, in Ev. sec. Joa., Paris, 1898, p. 439, 471-473. Quoi qu’il en soit, on admet plus généralement qu’au moins la promesse d’envoyer le Saint-Esprit aux apôtres, ut maneat in seternum, Joa., xiv, 16, s’étend à l’Église jusqu’à la fin des temps. L’expression in seternum, rapproebée de Mat th., xxviii, 20, signifie que le Saint-Esprit est promis aux apôtres en raison de leur mission d’enseigner l’évangile jusqu’à la consommation des siècles et qu’il sera donné à leurs successeurs dans le suprême magistère. P.ilmieri, Tractatus de romano pontifice, 2e édit., Prato, 1891, p. 187-189 ; Schanz, Commentai* i’tber das Evangclium des heiligen Johannes, Tubingue, 1885, p. 480.

2. D’ailleurs, l’infaillibilité de l’Église repose sur d’autres témoignages scripturaires que ceux qui contiennent la promesse directe de l’assistance du Saint-Esprit. Saint Paul n’a-t-il pas écrit à Timotbée que l’Eglise du Dieu vivant est la maison de Dieu, la colonne et le fondement de la vérité ? I Tim., ni, 15. Des assurances d’indéfectiliilité n’ont-elles pas été expressément données par Jésus à Pierre, le fondement de l’Église ? Mattb., xvi, 18. Or l’infaillibilité de l’Église a toujours été attribuée à l’assistance continue et perpétuelle du Saint-Esprit sur l’Eglise entière et ses cbefs suprêmes. L’existence de la cause résulte donc de la constatation de l’effet. Cette preuve de l’assistance du Saint-Esprit, que nous ne faisons qu’indiquer ici, sera complétée par la démonstration de l’infaillibilité de l’Église, du pape et des conciles.

Tradition.

1. Si les Pères, qui ont commenté l’Evangile de saint Jean, n’ont pas appliqué à l’Église entière la promesse que Jésus avait faite à ses apôtres de leur envoyer le Saint-Esprit, d’autres écrivains ecclésiastiques de l’antiquité ont donné cette interprétation et ont étendu à l’Eglise l’assistance du Saint-Esprit, assurée aux apôtres. Ainsi Tertullien, De prxscripl., 28, P. L., t. ii, col. 47, pour prouver que l’Église a transmis la vérité sans erreur, rappelle que le Saint-Esprit est son guide dans la vérité et que le Christ l’a envoyé, après lavoir demandé au Père, pour qu’il soit le docteur de la vérité. Saint Irénée, Cont. hxr., iii, 11, n. 8, /’. G., t. vii, col. 880, affirme que le Verbe incarné ri)V 8 « opeiv ToCi âyîo-j llvev|AaTo ; et ; nâtrav èléiteii.J/î vr-i ->v, ryy.iT.6ZM-/ r, u.à ; ra ;  ; èa-jTo-j itrépuÇiv. Plus loin, ibid., ni, 17, n. 2, 3, col. 930, il ajoute : Et Dominas pollicilus est mittere se raracletum, qui nos aplaret Deo, … quem ipsum iterum dédit Ecclesiæ, in omnem terram mittens de cwvis Paracletum. Saint Pacien, Epis t., i, n. ; >, P. L., t. xiii, col. 1054. dit de même : Multos >i"s Spiritus Sanctus edocuit, quem paracletum apostolis et magistrum Deus misite cmlis. Saint llilaire de Poitiers, In l’s. r.v.vi, n. 7, /’. /, ., t. IX, col. 689, écrit dans le même sens : Sumus nunc quidem coruolati, quia Dominusait : Mittet vobis etalium consolatorem Dana un des sermons attribués à saint Augustin, Si’du.. ci.xxxii, n. 2, /’. L., t. xxxix, col. 2088, le Saint-Esprit qui est descendu sur les apôtres, est présenté comme nonjatn visitator subitus, sed pet petuus consolator et habitator mternus. Au jour de la Pentecôte, les fidèles l’ont reçu pour leur propre sanctification, innis les apôtres en ont été illuminés pour refléter sur le monde entier les rayons du soleil de la vérité. Plus tard, des commentateurs du quatrième Evangile appliquèrent a l’Église la promesse de Jésus-Christ d’en i apôtres l’Esprit Saint pour qu’il demeure toujours avec eux, Joa., xiv, 16. même apn s leur mort et pour l’éternité. Selon Rupert, par exemple, Comment, in Joa., 1. XI, P. L., t. clxix, col. 704, le Saint-Esprit ne manquera jamais à l’Église ; il apportera la consolation à tous les croyants, col. 709-710 ; il ne cessera pas de procéder, jusqu’à la fin des siècles, pour dédier et illuminer l’Église qui est la maison de Dieu, col. 732.

2. Les Pères ont affirmé de différentes manières que le Saint-Esprit habitait dans l’Église, l’instruisait et la dirigeait. Tertullien, De baptismo, 6, P. L., t. I, col. 1206, a dit que « là où sont le Père, le Fils et le Saint-Esprit, là est l’Église qui est le corps des trois » . Saint [renée, Cont. hær., ni, 21’, P. G., t. vu. col. 966, assure que notre foi, celle que l’Eglise nous donne, vient du Saint-Esprit, comme un don excellent placé dans un vase précieux, don toujours jeune et rajeunissant le vase lui-même dans lequel il est déposé. « Où est l’Église, là est l’Esprit de Dieu ; et là où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce ; or l’Esprit est vérité. » Les hérétiques sont tout à fait étrangers à la vertu de l’Esprit. Ibid., ii, 31, n. 3, col. 825. Saint Augustin, Serm., cci. xvii, 4, P. L., t. xxxviii, col. 1231, enseigne que « ce que l’âme est au corps de l’homme, le Saint-Esprit l’est au corps de Jésus-Christ, qui est l’Eglise. Le Saint-Esprit fait dans l’Église ce que l’âme fait dans tous les membres d’un corps » , et il en conclut qu’il faut rester attaché à l’Église, si on veut croire par l’Esprit. Saint Grégoire le Grand, Exposit. in Ps. V psenilentise, P. L., t. i.xxix, col. 602, présente la même doctrine. On pourrail rapporter ici tous les témoignages patristiques qui sont favorables à l’infaillibilité de l’Église, du pape et des conciles. Ils attestent ou supposent le secours divin par lequel l’Église et ses chefs suprêmes sont infaillibles, l’assistance du Saint-Esprit, cause efficace de l’infaillibilité doctrinale.

3. Le concile du Vatican a énoncé comme une vérité certaine l’assistance divine que Jésus-Christ a promise à son Église et qu’il lui accordera jusqu’à la fin du monde : Dei Filius et gencris liumani redemptor Dominas noster Jésus Christus, ad Palrem cselestem rediturus, cum Ecclesia sua in terris militante, omnibus diebus usque ad consummationem sœculi futurum se esse promisit. Quare dilectx sponsx præsto esse, assistere docenli, operanli benedicere, periclitanli opem ferre…nullo unquam temporc destitit. Constit. de fide, proœm., dans la Collectio Laccncis, Fribourg-en-Brisgau, 1892, t. vii, col. 218. Ce début de la constitution s’appuie surtout sur Mattb., xxviii, 20 ; il affirme l’assistance continue et perpétuelle que Jésus-Christ accorde à son Eglise. Cette assistance étant une œuvre ad extra est commune aux trois personnes de la sainte Trinité et peut être attribuée à chacune d’elles. Ordinairement, on l’attribue au Saint-Esprit par appropriation. Dans le premier schéma De Ecclesia Chris ti, qui fut soumis aux l’eres du concile du Vatican, l’infaillibilité du magistère de l’Église était fondée non seulement sur Mattb., xxviii, 20, mais encore sur la promesse de Jésus-Christ, d’envoyer le Saint-Esprit à ses apôtres : Et iisdem [apostolis] promisit Christus veritatis suie Spiritum, qui mancret cum eis in mternum, in eis esset eosque omnem veritatem doceret, c. ix, dans la Collectio Lacencis, t. vii, col. 570.

II. Nature.

Il est important de bien préciser en quoi consiste l’assistance par laquelle le Saint-Esprit veille sur l’Eglise et sur son magistère et l’empêche d’errer dans la foi. Bien des difficultés, soulevées contre elle, sont nées des idées fausses qu’on avait sur sa nature.

1° Si on excepte les apôtres qui, par un privilège personnel, ont reçu du Saint-Esprit des révélations nouvelles, en vue de compléter l’économie du salut, voir col. H>.">7, l’Église et son magistère suprême, une fois la révélation close à la mort du dernier survivant des apôtres, n ont plus eu di’manifestations de nouvelles vérités rentrant dans le dépôt de la révélation. L’assis-