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AUGUSTIN (SAINT)

examine pourquoi Dieu nous a donné une liberté capable de pécher, et surtout, ajoute le IIIe livre, quand sa prescience lui montrait nos fautes futures. Plus tard, les pélagiens et semipélagiens ont invoqué certains passages de ces livres, mais à tort, dit saint Augustin, Retract., l. I, c. ix, n. 3-6. Cf. De natura et gratia, n. 80-81, P. L., t. xliv, col. 286 ; De dono persev., n. 26-30, ibid., col. 1008.

28° Contra Faustum manichæum libri XXXIII, P. L., t. xlii, col. 207-518 ; Retract., l. II, c. vii. Ce Faustus, gente Afer, civitate Milevitanus, eloquio suaris, ingenio callidus, l. I, c. i, est celui-là même dont l’ignorance avait désenchanté Augustin. Confess., l. V, c. iii-vi. Dans un ouvrage publié vers 400, « il blasphéma contre la Loi et les prophètes, contre leur Dieu, contre l’incarnation du Christ. » Augustin le réfuta, et, selon sa méthode préférée, suivit pas à pas son ouvrage : de là XXXIII livres ou dissertations qui sont une admirable apologie du judaïsme et du christianisme. Malheureusement le désordre de l’œuvre de faustus a ici son contrecoup, des redites et un peu de confusion. Fessier, 2e édit. Jungmann, t. ii, I, p. 295, a donné un tableau méthodique des questions traitées.

29° De aclis cum Felice manichseo libri duo, P. L., t. XLir, col. 519-552 ; Retract., 1. II, c. vin. C’est le procès-verbal officiel de la conférence de deux jours (en 401) entre Augustin et le manichéen Félix, qui s’avoua vaincu, et signa l’analhème contre Manès. La discussion avait roulé sur la mission de Manès, n. 1-15, sur l’immutabilité de Dieu, la liberté source du mal, et la rédemption par le Christ.

30° Liber de natura boni contra manichæos, P. L., t. xlii, col. 551-572 ; Retract., l. II, c. ix. Composé en 405, cet opuscule développe la thèse que tout être, matériel ou immatériel, ayant Dieu pour auteur, est bon en son essence, que le mal est toujours un déficit et qu’on ne saurait concevoir un principe des choses absolument mauvais.

31° Le Liber contra Secundinum manichæum, P. L., t. xlii, col. 577-602 ; Retract., l. II, c. x, écrit vers 405-406, n’est que la réponse d’Augustin au Romain Secundinus, auditeur manichéen qui, ayant lu ses ouvrages contre sa secte, lui avait écrit pour essayer de le ramener au manichéisme. P. L., t. xlii, col. 571-577. S. Augustin déclare, Retract., loc. cit., qu’il préfère cet écrit à tous les autres contre les manichéens.

À la controverse manichéenne nous rapportons deux ouvrages contre les priscillianistes et les marcionites :

32° Le Liber ad Orosium contra priscillianistas et origenistas, P. L., t. xlii, col. 669-678 ; Retract., l. II, c. xliv. L’espagnol Paul Orose, réfugié, en 414, auprès d’Augustin, lui avait remis une consultatio ou commonitorium de errore priscillianistarum, P. L., ibid., col. 665-669, tableau des doctrines manichéennes, mêlées d’astrologie, que Priscillien, séduit par le fameux Marc de Memphis, avait léguées à l’Espagne. Augustin, en 415, les réfuta dans ce livre ad Orosum, mais brièvement, parce que ses ouvrages antimanichéens avaient épuisé la matière. Dans la lettre CCXXXVII, ad Ceretium, P. L., t. xxxiii, col. 1034, il reproche surtout aux priscillianistes leurs impudentes falsifications et leur fameuse loi : Jura, perjura, secretum prodere noli. Quant à l’origénisme, Augustin préféra adresser Orose à saint Jérôme avec sa lettre clxvi, De origine animæ, P. L., t. xxxiii, col. 720, 733 ; Retract., l. II, c. xlv.

33° Les deux livres Contra adversarium Legis et Prophetarum, P. L., t. xlii, col. 603-666 ; Retract., l. II, c. lviii. En 120, des fidèles d’Hippone transmirent à leur évêque un codex anonyme, qu’on lisait et vendait publiquement au détriment de la foi : l’auteur, marcionite ou d’une secte analogue (Augustin n’a pu deviner, l. I, c. i), prétendait que la création et tout l’Ancien Testament sont l’œuvre du démon. La réponse d’Augustin est donc une nouvelle apologie de l’Ancien Testament, que le Nouveau n’a jamais réprouvé.

Sur la controverse manichéenne, consulter encore : De vera religione et De utilitate credendi ; De Genesi cont. manichæos ; les Confessions, passim ; les Epist., lxxix, ccxxxvi ; l’Enarratio in Ps. cxl ; les Serm., i, ii, xii, cliii, clxxxxii, ccxxxvii.

3. Contre les donatistes. — Ces ouvrages, écrits la plupart de 400 jusqu’à la conférence de 412, développent les grandes théories de l’Église visible, comprenant dans son sein même des pécheurs, de l’efficacité des sacrements indépendante des dispositions du ministre, de la non-réitération du baptême, même conféré hors de l’Église.

34° Le Psalmus contra partem Donati, ou Ps. abecedarius, P. L., t. xliii, col. 23-32, est un chant purement rythmique (le plus ancien document du genre) de 240 vers, composé par Augustin, entre 393-396, à l’usage du peuple. Chacune des 20 strophes de 12 vers était désignée par une lettre de l’alphabet commençant le premier mot, de là le nom d’abecedarius. Après la lettre V, Augustin ajouta une prosopopée de l’Église rappelant ses enfants égarés. Pour le fond, c’est l’histoire et une courte réfutation du schisme. Cf. Retract., l. II, c. xx.

Pour l’étude littéraire du psaume, voir plus haut, n. 12.

35° Les trois livres Contra Epistolam Parmeniani, P. L., t. xliii, col. 33-108, ont été composés en 400, après les lois d’Honorius en 399 contre l’idolâtrie. L. I, c. ix. L’occasion de cet ouvrage fut la lettre par laquelle l’arménien, évêque donatiste de Carthage (déjà mort en 400), avait reproché à Tichonius, son coreligionnaire et l’auteur des célèbres règles d’exégèse, d’être trop conciliant en accordant que l’Église doit être universelle et ne peut être restreinte à un coin de l’Afrique. Le saint docteur établit donc la catholicité de l’Église, discute l’origine du schisme donatiste ; en fait, on n’a pu prouver que les consécrateurs de Cécilien fussent des traditores, l. I, c. iii-vi ; en droit, l’Église ne périt pas, parce qu’elle a des indignes en son sein, l. II et III ; digressions sur les lois contre les donatistes, l. I, c. viii-xiv ; l. III, c. vi.

36° Les sept livres De baptismo contra donatistas, P. L., t. xliii, col. 107-244 ; Retract., l. II, t. xviii, sont de la même époque (vers 400). La thèse de la validité du baptême conféré hors de l’Église y est examinée surtout historiquement, pour arracher aux donatistes l’autorité de saint Cyprien. Augustin constate que, malgré son erreur sur la réitération du baptême, Cyprien a condamné le schisme, l. II ; il critique successivement les lettres à Jubaianus, l. III-V, à Quintus, l. V, c. xviii-xix, l’épître synodale aux évêques de Numidie, l. V, c. xx-xxii, la lettre à Pompée, I. V, c. xxiii-xxviii, enfin les Sententiæ episcoporum (87) du concile de Carthage en 256, l. VI et VII. À comparer avec Contra Crescon., l. I, c. xxxii ; l. II, c. xxxi-xxxviii : De un. bapt. c. Petit., c. xiii-xvi, n. 22-26.

37° Les trois livres Contra litteras Petiliani, P. L., t. xliii, col. 245-388 ; Retract., l. II, c. xxv, ouvrent la controverse avec l’évêque donatiste de Cirtha (Constantine) ; ils ont été écrits de 400 à 402, à mesure que les documents donatistes parvenaient à l’évêque d’Hippone. Pétilien, né catholique, violemment arraché à l’Église par les donatistes, rebaptisé et ordonné malgré lui, étant devenu leur évoque à Cirtha et une des colonnes du parti (il sera un des orateurs de la conférence de 412), avait adressé à ses prêtres une lettre contre l’Église catholique. Augustin, en ayant eu des fragments, adressa aussitôt une lettre pastorale à ses fidèles pour les prémunir : c’est le livre Ier. Le texte même de la lettre donatiste lui ayant été remis plus tard, il la réfute phrase par phrase dans les cent huit chapitres du l. IIe. Enfin, Pétilien ayant répondu au l. Ier par une seconde lettre