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MATTHIEU D’AOUASPARTA


fit le sermon de circonstance, ainsi que Pierre Colonna en témoigna au concile de Vienne lors du procès de Bpniface VIII. Cf. C. Hôfler, Rùckblicle auf Papst Bonifacius VIII und die Lileralnr seiner Geschichte, p. 60. D’après le discours de Boniface VIII, Aquasparta avait été déjà, sous Nicolas IV, l’un des trois cardinaux chargés d’examiner les dossiers du procès. Tosli, Histoire de Boni/ace V/7/(trad. Duelos), Paris, 1854, t. ii, p. 447. Que, vers la fin de 1299, il ait tenté, avec le cardinal Matthieu Orsini, de réconcilier le pape et les Colonna, des témoins l’assurèrent au procès de Boniface VIII, Dupuy, Histoire du différend, Paris, 1655, p. 334, mais le t’ait est douteux. Morghen, loc. cit., p. 346. Quoi qu’il en soit, le lldéc. 1297, Aquasparta était nommé à la place du card. Jacques Colonna protecteur du couvent Saint-Sylvestre j7j Capile, transféré à Rome depuis 1284, et où l’élite de la maison des Colonna s’était retirée. Sbaralea, Bull, franc., t. iv, p. 456. Peu après, le 14 décembre, il était créé légat pontifical pour la Toscane, la Lombardie, les Marches, la Romagne et les diocèses d’Aquilée et de Ravenne. Digard, Registres, t. i, n. 2376, et investi de pouvoirs extraordinaires, ibid., n. 2377-2382 ; il devait prêcher la croisade contre les Colonna dans les États de l’Église. Le 16 décembre il quittait Rome pour se rendre à Florence. Le. Il janvier 1298, en qualité de légat, il écrivait de cette ville au provincial des franciscains de Bologne, lui enjoignant d’enrôler des troupes au service de Boniface VIII. Giordani, Acta franciscanae tabulariis Bononiensibus, p. 395-396, dans Anal, franc, 1927, t. ix. Diverses concessions d’indulgences établissent que, le 21 janvier et le 5 février, il était toujours à Florence. Le 20 février, Boniface VIII l’ayant chargé spécialement de prêcher la croisade contre les Colonna en Toscane et de ramener partout la paix, Digard, t. ii, n. 2878, le cardinal négocia avec Florence et en obtint cent soldats. Davidsohn, Gesch. von Florent, t. iii, p. 42-45 ; F. Perrens, Histoire de Florence, Paris, 1877, t. ii, p. 441-443. Cette mission achevée, le cardinal retourna à Rome le 22 avril. En juin 1298, il assista au consistoire où Boniface VIII porta sa sentence arbitrale entre la France, l’Angleterre et la Flandre, Digard, t. ii, n. 2809, Potthast, Regesta, n. 24 706-24 713. Devenu presque l’allié de Philippe le Bel à cause du péril créé par l’affaire des Colonna, Boniface VIII sacrifiait la cause de Guy de Dampierre. Kervyn de Lettenhove, Recherches sur la part que l’ordre de Clleaux et le comte de Flandre prirent à la lutte de Boniface VIII et de Philippe le Bel, reproduites dans P. L., t. clxxxv, col. 1833, 1857, 1876. Aquasparta, qui était le défenseur de la cause flamande à Rome et avait conseillé à Robert de Béthune et aux ambassadeurs du comte de Flandre de s’en remettre à la décision du pape, K. de Lettenhove, loc. cit., col. 1869, 1871, vit ses efforts ruinés pour le moment.

Depuis ce jour et jusqu’à la fin de 1299, Aquasparta apparaît moins fréquemment dans les actes pontificaux, mais reste mêlé aux affaires politiques et ecclésiastiques. Le 22 août 1298, il écrit à Jaime II d’Aragon. H. Finke, Acta Aragonensia, Berlin, 1908, t. i, p. 50, 52, qui eut d’ailleurs avec lui d’autres relations à propos de l’épineuse affaire du royaume de Sicile. Finke, Acta etc., t. i, p. 96. C’est lui aussi qui au nom de Boniface VIII écrit le 14 juillet 1299 à Charles II, roi de Naples, le priant de ne pas mettre à la tête de l’expédition de Sicile, son fils Philippe, prince de Tarente. Finke, Acta, 1. 1, p. 59. En 1299, il suit la curie à Rome, Digard, t. ii, n. 2858, à Anagni, id., t. ii, n. 3180, et de nouveau à Rome, n. 3330. Plus que jamais il s’occupe de la cause flamande, si bien que les envoyés du comte de Flandre pouvaient écrire à Guy de Dampierre le 9 juillet : « Li cardenal

parolent moult bien pour vous tous, et deus espéciaux amis avés-vous mon segneur Gérard de Parme et mon segneur Malhiu d’Kxpert, et si avés moult bien le grasse de le court, etc. » K. de Lettenhove, loc. cit., col. 1886. L’heure était favorable, car Boniface VIII était fort mécontent de l’alliance de Philippe le Bel et d’Albert d’Autriche dont Aquasparta connaissait les tractations voilées dès le mois de juillet 1299, et en donnait avis à la curie et aux ambassadeurs de Flandre. K. de Lettenhove. loc. cit., col. 1898.

Ce fut au milieu de ces difficultés, à l’heure où éclatait le second différend entre le pape et le roi de France, que commença le jubilé de 1300. Le 6 janvier, Aquasparta prêcha au Latran, à l’invitation de Boniface VIII, sur la suprématie du pouvoir pontifical aussi bien au temporel qu’au spirituel. Ses déclarations ne nous sont connues que par le rapport incomplet des ambassadeurs flamands, Jean de Menin et Michel als Cloketes. Voir K. de Lettenhove, loc. cit., col. 1901 : « Résolument la théologie franciscaine se mettait au service de la papauté, à l’heure de la crise. »

D’autres affaires sollicitaient aussi l’intervention du Saint-Siège. Et d’abord la querelle du clergé séculier et régulier au sujet du décret, Omnis utriusque sexus, du IV » concile du Latran. Boniface VIII y mit fin par la bulle Super calhedram (18 fév. 1300), Sbaralea, t. iv, p. 498-501, faite ad instantiam patris Mathei et domini Porluensis. H. Finke, Aus den Tagen, etc. IL Quellen, p. xlviii. Plus grave encore était la situation politique de l’Italie centrale, déchirée par les factions des Guelfes et des Gibelins. Le 10 janvier 1300, Boniface VIII avait bien approuvé en consistoire un compromis de paix entre Este et Ferrare, déjà conclu au Latran le 24 décembre 1299 sous l’influence d’Aquasparta, Digard, t.n, n. 3298 ; mais enréalilé toute l’Italie était en feu, surtout Florence. Le 23 mai 1300, Aquasparta fut nommé légat pontifical et « pacidire » pour la Toscane et la Lombardie, etc. Digard, t. ii, n. 3892 ; Raynaldi, Annales, an. 1300, n. 24. Arrivé à Florence au début de juin, Aquasparta se retira au palais épiscopal des Spini et après s’être entouré des plus hautes personnalités du clergé florentin, Davidsohn, Geschichte, t. iii, p. 123, fit connaître sa commission. Lassé, après quatre mois de vaines tentatives de pacification, le légat lança l’interdit contre Florence le 28 ou le 29 septembre 1300. Davidsohn, Forschungen, t. iii, p. 277-279 ; Geschichte, t. iii, p. 130-132.

Pendant son séjour à Florence, M. d’Aquasparta avait été nommé recteur de la Romagne le 19 juillet. Digard, loc. cit., t. ii, n. 3900. Il partit donc pour Bologne où il se trouvait déjà le 14 octobre. Davidsohn, Geschichte, t. iii, p. 278. L’année suivante, le 14 février, après avoir séjourné à Bavenne, il fit à Canozosia, près de cette ville, une réunion générale des princes et des podestats de la Romagne afin de pacifier le pays. Annales de Forli, loc. ciI. | Wadding, Annales ord. min., ad an. 1300, n. 2 ; Ghirardacci, Délia hisloria di Bologna, Bologne, 1596, t. i, p. 415420. Aquasparta se trouvait encore dans la Romagne lorsque, le 2 décembre 1301, Boniface VIII, après avoir appelé à Florence Charles de Valois, ordonna au cardinal de retourner en cette ville. Raynaldi, Annales eccles., an. 1301, n. 13 ; Villani, Histoire, c. 42, loc. cit., p. 373 ; Davidsohn, loc. cit., p. 190. L’œuvre pacificatrice d’Aquasparta, contrariée de toute manière, se borna à unir par des mariages les grandes familles florentines des Cerchi, des Adimari, des Donati et des Pazzi. Le parti des Noirs étant venu au pouvoir grâce à Charles de Valois, les Blancs et avec eux Dante avaient été exilés et s’étaient alliés avec