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    1. ORNEMENTS SACRÉS##


ORNEMENTS SACRÉS. PRESCRIPTIONS

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l’Appendice II des Décréta authentica, a été étudié dans la Nouvelle revue théologique, avril 1920 ; la Revue apologétique, 15 mai 1926 ; Vie et arts liturgiques, avril et juillet 1926 ; Collaliones Brugenses, 1926 ; The ecclesiastical Revieiv des États-Unis, août 1926. Nous résumons leursexplieationsd’aprèsdom Roulin, Linges, insignes… c. viii, Les chasubles amples au point de vue du droit liturgique, de la tradition et de la beauté.

1. Le Code, can. 811, S 1, dit que le prêtre doit porter à l’autel sacra ornamenta a rubricis sui ritus præscripta, sans préciser davantage. Ailleurs, can. 1296, § 3, il ajoute : circa materiam et jormam sacræ supellectilis serventur præscripta liturgica, ecclesiustica traditio et meliore quo fit modo, etiam artis scieraleges. Or le Cérémonial des évêques toujours en vigueur prescrit : « L'évêque est revêtu d’une chasuble quæ hinc inde super brachia aptatur. » L. II, c. viii, 19. Les ministres doivent la relever avec soin. A la messe solennelle, le diacre et le sous-diacre en font autant pendant l’encensement, à l'élévation : ce qui n’a aucun sens et ne peut même se faire avec la forme étroite. — D’après le pontifical (ordination du prêtre), la chasuble doit représenter l’ardeur de la charité : « Dieu peut l’augmenter en nous. » Ce serait une charité bien étriquée que symboliserait la chasuble étroite.

2. La tradition ecclésiastique est en faveur de la chasuble ample (dom Roulin ne veut pas que l’on dise chasuble gothique, le mol gothique désigne un style non une forme), puisqu’elle a régné seule pendant seize siècles, qu’elle a duré même aux xviie et xviiie siècles, qu’en Angleterre on a repris, à la renaissance catholique, les chasubles identiques à celles d’avant le protestantisme. Voir là-dessus Barbier de Montault, Le costume, t. ii, c. ni ; Bona, Rerum lit., I. I, c. xxiv, § 8 ; Stappen, Sacra liturgia, t. iii, p. 108 ; Ephemerides liturgicæ, t. x, 1896, p. 278.

3. De nombreuses églises, et celles de Rome même, s’en servent sans être inquiétées : en 18<>7, l’archevêque d’Utrecht constatait que les rédemptoristes avaient des chasubles faites d’après les données de saint Charles ; Pie IX en portait de plus larges encore ; Pie X s’en servit et en donna à diverses églises ; en 1924, une chasuble assez ample, de caractère celtique très pur, fut offerte à Pie XI ; en 1925, ce pape bénit un grand nombre de vêtements de forme antique ; des centaines figuraient à l’exposition des 2, 3, 4 janvier. Le cardinal Mercier en fit faire toute une série pour le séminaire Léon XIII. Dans toutes les églises reconstruites en Belgique après la guerre, toutes les chasubles détruites ont été remplacées par des chasubles amples, simples, légères. C’est par milliers qu’elles existent dans les cathédrales, les communautés, les églises.

4. Mgr Callevært conclut de ces faits que dans le décret « on n’a certainement pas en vue l’usage reçu dans l'Église universelle. art. cité, p. 1X3, et il en donne celle raison que, dans l'Église latine, il existe au moins trois types modernes de chasubles : la forme romaine assez large, au moins par devant, la forme française plus étroite, la forme espagnole qui l’est davantage encore. Ces formes constituent des « types de vêtement dont l’usage est approuvé dans l'Église ». Les chasubles amples ont existé de tout temps, même au xviie et au xviir 3 siècles, et les centaines d'églises qui les ont reprises, il y a maintenant soixante et quatre-vingts ans, n’ont fait et ne font toujours que continuer cet usage. Voir dom Roulin, op. cit., p. 109 sq.

La variété dans l’ornementation est plus grande encore, là non plus 1/usus in Ecclesia receptus n’est l’uniformité : en Italie, la croix n’existe qu’en avant, en France elle est par derrière ; on n’en met pas en Espagne ; l’auteur de l' Imitation, qui la voit par devant et par derrière, avait sous les yeux une chasuble ample avec une croix dont les bras étaient relevés.

5. Selon les auteurs cités, la lettre de 1863 fait allusion à des changements qui pourraient étonner les fidèles et les troubler. Il faut admirer ici la prudence de notre mère l'Église qui veille au bien sans vouloir trop préciser, ni gêner une liberté légitime : « Je ne sache pas, écrit Callewært, que le fait de porter une chasuble plus ample puisse troubler qui que ce soit. » Art. cité, p. 184-185. Nombre de cardinaux, d'évêques, de prêtres s’en servent, à l'édification des fidèles qui aiment à « prier sur de la beauté » comme le demandait le pape Pie X. Souhaitons donc avec M. Rabot in que, « sous la direction des autorités compétentes, avec le concours d’artistes épris de sens liturgique et connaisseurs des traditions, et de techniciens au courant de toutes les ressources actuelles, revive dans nos églises la splendeur du costume liturgique : la restauration de la vraie musique d'Église montre bien que ce voeu n’a rien d’impossible. » Liturgia, p. 313. 4° Bénédiction.

Les ornements proprement dits,

dont le prêtre se revêt pour célébrer la messe, l’amict, l’aube, le cordon, le manipule, l'étole, la chasuble doivent être bénits : le Ritus servandus le prescrit tit. i, 2, et le Code ajoute : ad normam legum liturgicarum benedici débet (sacra supellex) anlequam ad usum sibi proprium adhibeatur. Can. 1304. Ces objets ne sont donc pas bénits par l’usage, S. R. C, 3162, ad 7, 31 août 1867 ; il est mieux de bénir la bourse et le voile du calice, les tunique, dalmatique, humerai et même la chape ; on n’y est pas obligé. En pratique, on bénit en même temps toutes les parties de l’ornement que l’on reçoit, sans en retrancher aucune ; si un manipule ou une étole avaient été refaits à neuf, il faudrait les bénir de nouveau, mais non le voile du calice.

Ces bénédictions sont de droit réservées à l'évêque qui peut permettre à un simple prêtre de les faire : Benedictiones ab episcopo, vel aliis facultalem habentibus faciendss, dit le rituel ; voir aussi Code. can. 1304, 1, 2, 3, 1, 5. Le rituel a uns bénédiction spéciale poulies ornements, pour les nappes de l’autel, pour le corporal et la pale. Les simples prêtres doivent se servir de la première même pour le cordon. S. R. C, 3392, 16 mars 1876.

5° Obligation de s’en servir. - - L’Esprit-Saint épuise les comparaisons pour nous faire admirer la splendeur du grand-prêtre Simon revêtu de ses ornements : il est l'étoile du matin, la lune dans son plein, un soleil resplendissant, l’arc-en-ciel aux mille couleurs, une rose, un lis, un parfum d’encens, un vase d’or, un olivier fertile, un cyprès qui s'élève dans les airs. Eccli., l, 6-12. Combien plus le prêtre de la Loi nouvelle, autre Jésus-Christ, doit paraître transfiguré à l’autel.

Le Code se contente de dire : « Pour célébrer la messe, le prêtre doit porter un vêtement convenable qui aille jusqu’aux talons et les ornements sacrés prescrits par les rubriques de son rite. » Can. 811, S 1. Le concile de Trente voit dans < les vêlements et autres choses semblables… de quoi faire valoir un si grand sacrifice et de quoi élever le cœur des fidèles a la contemplation des choses les plus hautes qui y sont cachées. » Sess. xxii, c. v. Il dit anathème à ceux qui y verraient « des excitants à l’incrédulité plutôt que des adjuvants de la piété. » Can. 7. Les rubriques du missel font au prêtre qui célèbre la messe l’obligation de porter la chasuble sur l’aube « semper utitur pluneta super albam. » Rubr. gen., xix. L'Église rend obligatoire (orationes dicendse) les prières à réciter par l'évêque et le prêtre, en se revêtant des ornements. Le Ritus servandus indique la manière de prendre l’amict, l’aube, le cordon, le manipule, l'étole, la chasuble, i, 2-5. On n’a le droit d’omettre aucun d’eux. De dejectibus, x, 1. Voir aussi pour les céré-