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PAUL (SAINT). LA FOI


l’évidence de l’objet ; elle résulte de la valeur du témoignage. Par suite, elle comporte un acte de volonté ; il y a une « obéissance » à la foi, Rom., i, 5 ; x, 16 ; xvi, 26 ; cf. Rom., xv, 18 ; II Cor., x, 5 ; Rom., x, 3, 30, 31. La foi suppose donc le désir ou la volonté d’adhérer au christianisme et, par conséquent, l’espérance du pardon avec un commencement d’amour de Dieu.

L’objet de la foi c’est le contenu de la prédication en général. II Thess., ii, 12-13 ; I Cor., xv, 1-2 ; Rom., i, 16-17 ; x, 18 ; Phil., i, 27. Spécialement, cet objet est Dieu et le Christ : Dieu est fidèle, tout-puissant, il tient ses promesses. I Thess., i, 8-20 ; Gal., ni, 6 ; II Cor., i, 9 ; Rom., iii, 25 ; iv, 3, 5, 17-25 ; vi, 28 ; ix, 33 ; x, 8, 9 ; Col., ii, 12 ; II Cor., v, 19. Jésus est le Messie, il est le Fils de Dieu, il a été crucifié, il est ressuscité, il est le Christ glorifié, il est la cause de notre salut.

I Thess., iv, 14 ; Gal., ii, 20 ; I Cor., xv, 1-11, 14, 17 ; Rom., x, 8, 9.

Lorsque l’objet de la foi est une chose à obtenir, la foi concrète comporte la confiance, I Tira., i, 16 ; Rom., iv, 5, 24 ; cf. II Tim., i, 1-2 ; mais elle suppose toujours que Dieu est vérace et fidèle ; le contraire serait une impossibilité psychologique.

En somme, la foi chez saint Paul est décrite d’une façon concrète : elle désigne l’adhésion au christianisme dans le but d’obtenir les biens offerts par Dieu dans le Christ. Elle se distingue ainsi de la foi chez saint Jacques, simple assentiment de l’intelligence, et qui reste théorique et stérile s’il n’est accompagné de la charité. Cf. Jac, ii, 17, 19.

Enfin, la foi chez saint Paul est non seulement un acte ou ensemble d’actes, elle est un état ou habitus ; c’est un principe de vie : « Ce que je vis maintenant dans la chair (c’est-à-dire en cette vie) je le vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. » Gal., ii, 20 ; cf. II Cor., xiii, 5.

II y a donc une « vie de la foi ». Ainsi la foi demeure comme une condition primordiale du salut : il faut demeurer ferme, persévérer dans la foi. I Cor., xvi, 13 ; II Cor., i, 24 ; Rom., x, 20, cꝟ. 14-17 ; Col., i, 23 ; n, 7 ; I Tim., ii, 15.

La foi est principe d’espérance par l’Esprit : « C’est de la foi, par l’Esprit, que nous attendons l’espérance de la justice (l’objet de l’espérance, assuré par la justice). » Gal., v, 5. Elle est « agissante par la charité », ibid., 6. La foi n’est point la charité, ni même le principe de la charité ; mais elle est le fondement de la vie chrétienne dans l’homme justifié. Sans la charité, son action serait nulle dans l’ordre du salut ; cf. Jac, ii, 14-26 ; de même que la charité ne saurait exister sans elle, puisqu’elle est le fruit de la justification qui dépend elle-même de la foi. Cf. Rom., v, 5 ; I Thess., i, 3 ; Col., i, 4, 5. D’ailleurs, la charité est supérieure à la foi ainsi qu’aux autres vertus ; cf. I Cor., xiii. La foi demeure en cette vie, I Cor., xiii, 13, mais doit faire place à la vision ou connaissance directe, dans l’autre vie. I Cor., xiii, 12 ; II Cor., v, 7.

2. Quel est exactement le rôle de la foi dans l’acquisition de la justice ? La foi, tout en étant le résultat de la prédication, Rom., x, 14-21, est un don de Dieu, un effet de la prédestination et de la vocation. Les fidèles sont des « appelés » et même, en un sens, des « élus », cf. I Thess., iv, 4-5 ; II Thess., ii, 13 ; iii, 2 ; Rom., viii, 28-30 ; I Cor., ii, 4-5. De plus, l’action divine est nécessaire non seulement à l’acquisition de la foi, mais encore à sa conservation et à son développement. Eph., i, 17-19.

La foi n’est donc pas uniquement le fruit de l’activité personnelle de l’homme ; néanmoins, c’est la part de l’homme dans l’acquisition de la justice.

Or, les Juifs regardaient la justice d’Abraham — qui, d’après eux, avait commencé à servir Dieu à l’âge de trois ans — comme ayant été parfaite grâce à la

circoncision et à l’observation anticipée de la Loi. En outre, ils regardaient sa foi comme constituant un mérite. Saint Paul leur montre que la justice du patriarche lui vient de sa foi sans la circoncision ni l’accomplissement des œuvres de la Loi. Sur ce point, son explication de la Genèse revêt presque le caractère d’une controverse avec les Juifs.

De plus, il existait une sorte de contrat entre Dieu et les Juifs. Ceux-ci étaient comme des ouvriers gagnant leur salaire. S’ils observaient bien la Loi, ils acquéraient la justice : Dieu leur devait la justification et 1’ « héritage » promis. Rom., iv, 4.

Or, pour saint Paul, la Loi donnait lieu à des « transgressions » et provoquait la colère ; la justification et le jugement de justification ne pouvaient donc être le salaire des œuvres de la Loi. Ils sont des dons gratuits que Dieu a voulu donner à la foi. Ainsi, la foi s’oppose à la Loi comme le régime de la gratuité à celui du salaire. La foi tient lieu des œuvres ; mais elle n’est pas une « œuvre ». Elle en diffère en ce qu’elle ne donne pas un titre à la justice. Par les œuvres, la justice eût été acquise ; par la foi, elle est donnée, accordée.

Cependant, la justice vient de la foi, èx nlazecùç, mais non comme d’une œuvre qui la mérite. Rom., m, 26. Pourtant, la foi est plus qu’une simple condition ; elle est une disposition de l’âme ; elle est cause en quelque manière et source de la justice.

De plus, la justice est accordée par le moyen de la foi, 81à TziciTEcoc, . Rom., iii, 22, 30 ; ix, 20. L’homme reçoit la justice par la foi, Kiatzi, Rom., iii, 28. Bien que l’on ne puisse pas toujours distinguer une nuance de sens entre éx ttîctteok ;, Stà ttlotecoç et n’iazzi, le simple datif semble marquer une causalité véritable : l’homme, par la foi, je ne dis pas mérite, mais obtient la justice. Cf. Rom., iv, 20 ; v, 2 ; xi, 20 ; Phil., i, 27 ; II Tim., ii, 10.

Le concile de Trente, session vi, c. 7, 8, 9, en disant que l’on n’est pas justifié par la foi seule, entend la croyance, l’acte purement ou formellement intellectuel, cf. Jac, ii, 17, ou encore la pure conviction d’être en grâce avec Dieu, au sens luthérien ; il ne veul point parler des dispositions et de la préparation que comporte la foi concrète et agissante. Au contraire, il est d’accord avec saint Paul pour regarder ces dispositions et cette préparation comme des facteurs de la justification première. Sa notion de la foi qui justifie ne s’oppose donc point à celle de saint Paul.

Le rôle de la foi dans la justification n’est point indépendant de celui du baptême ; car l’homme qui adhère à l’Évangile se soumet aux conditions et aux moyens de salut contenus dans la prédication chrétienne. Il a donc-, au moins implicitement, le désir de se soumettre au baptême comme rite purificateur. Ainsi, le baptême est appelé par la foi. Comme rite initiateur il incorpore le fidèle au Christ et consomme la justification ; cf. Gal., iii, 26-27 ; I Cor., vi, 11 : Rom., v, 1 sq.

Après la justification, la foi demeure à l’état d’/iobitus et joue le rôle de fondement de la vie chrétienne. ainsi que nous l’avons dit plus haut.

6° Les fruits de la justification et la vie chrétienne, le rôle du baptême (Rom., v, 1 ; vii, 39). — 1. La réconciliation, la certitude du salut. — Par la justification, l’homme est réconcilié avec Dieu. Il avait encouru sa colère, Eph., ii, 3 ; Col., i, 21 ; il lui était insoumis, il était son ennemi et marchait hors de la voie du salut. Il est maintenant dans une situation normale à l’égard de Dieu ; et cela est le résultat de la mort du Christ. Il a la paix, la joie de se sentir en grâce avec Dieu et d’être dans la voie sûre. Sa vie prend désormais un sens plein et profond par l’espérance d’arriver au salut : il sera sauvé ; il échappera « à la colère », ꝟ. 9 ; il atteindra la « gloire de Dieu », ꝟ. 2, gloire que Dieu