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PAUL V

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faite sous Grégoire XIII et Grégoire XIV, il est imposé à l’Église universelle, par la bulle Aposlolicæ Sedis, du 20 juin Itil l. Cherubini, op. cit., t. iii, p. 355.

Pour développer la piété populaire, il propage les piiires des Quarante-heures, introduites par Clément VIII, et encourage V Oratorio delta communione générale, fondé par le jésuite Pierre Gravita. Il procède à la canonisation de sainte Françoise Romaine et de saint Charles Borromée ; à la béatification de Thomas de Villeneuve, de l’évoque Albert de Liège, de Pascal Baylon, de Joachim Piccolomini, de Silvestre Gozzolini, de Louis Bel train, d’Ignace de Loyola, de François Xavier, de Philippe de Néri, de Thérèse de Jésus. D’autres procès sont introduits, ceux de Pie V, de François de Borgia, etc.

Les ordres religieux.

Les ordres religieux pouvaient

apporter un appoint considérable à l’œuvre de réforme. Les nombreuses interventions de Paul V ont pour but de maintenir la discipline monastique et de favoriser les congrégations nouvelles, destinées aux soins des malades et à la formation de la jeunesse. Une ordonnance du 4 décembre 1605, Cherubini, op. cit., t. iii, p. 212-213, rappelle les prescriptions du concile de Trente et celles de Clément VIII ; le 1 er septembre 1608, il insiste sur la clôture ; la bulle du 23 mai 1608, Cherubini, op. cit., t. iii, p. 229-231, révoque les anciennes indulgences et en concède de nouvelles. Les capucins lui doivent d’être reconnus comme congrégation indépendante du général des conventuels, 23 janvier 1619, et les cisterciens d’Espagne sont réunis en une congrégation soumise au général de l’ordre, 19 avril 1616. Plusieurs congrégations nouvelles sont approuvées : l’Oratoire de Jésus du P. de Bérulle, les clercs des écoles pies de Joseph Calasanz, les doctrinaires de César de Bus, qu’il unit aux somasques, les Filles de Notre-Dame de Jeanne de Lestonnac, les religieuses de Notre-Dame de Pierre Fourier.

Les missions.

Si l’on excepte la Chine et le

Japon, où commence une ère de persécution, la plupart des missions marquèrent des progrès, sous l’impulsion de Paul V. Elles se développent ou font concevoir des espérances dans le royaume du Grand Mongol, avec la conversion de ses trois neveux, en 1610, en Perse, après la réception d’une ambassade à Rome, le 27 août 1609, et la création d’un évêché, en 1611, cf. arch. vat., Epist, xiv, 197, au Congo, par l’envoi de douze capucins sur la demande d’Alvarus III, en Abyssinie, par la conversion du frère du négus. Dans le nouveau monde, commence l’évangélisation du Canada par les jésuites, 1611, les récollets, 1615, les franciscains, 1619, cf. Jouve, Les franciscains et le Canada, t. i, Québec, 1915, et se fondent les réductions du Paraguay à partir de 1610 ; cf. Rastoul, Les jésuites du Paraguay, Paris, 1907.

Questions doctrinales.

Paul V fut mêlé à plusieurs

controverses. En ce qui concerne l’immaculée conception, il garde la même attitude que ses prédécesseurs. La bulle Régis pacifici, du 6 juillet 1611, Cherubini, op. cit., t. iii, p. 391-392, ne fait que renouveler les décisions de Sixte IV et de Pie V. Sur la controverse De auxiliis et la condamnation de Galilée, voir aux articles Molinisme et Galilée.

IV. Relations avec les états.

1° La politique de Paul V. — La grande idée de Paul V est de maintenir la paix entre les puissances catholiques, afin de diriger leurs forces contre les progrès inquiétants des Turcs. Dans ce but, il écarte tout projet d’alliance soit avec l’Espagne, soit avec la France, il demeure impartial dans les conflits qui divisent les deux grandes nations. Il veut plus : substituer à l’état d’hostilité une alliance par des unions matrimoniales entre les familles régnantes des deux pays. Il reprend à cet effet, en 1605, un projet de Clément VIII. Ce fut sans

succès. Cf. Perrens, Les mariages espagnols sous Henri IV, Paris, 1869.

Ne pouvant réaliser l’union des deux nations, du moins propose-t-il sa médiation dans les moments de grande tension diplomatique. Lorsque l’opposition des intérêts français et espagnols menace d’aLoutir à une guerre, à propos de la succession des duchés de Clève-Juliers, il envoie un bref à Henri IV, le 28 janvier 1610 ; le 24 avril, il décide de faire partir deux nonces extraordinaires pour les cours de Paris et de Madrid. Démarches inutiles : le roi de France se prépare à entrer en campagne, lorsqu’il tombe sous le fer de Ravaillac, 14 mai 1610. Paul V garde la même neutralité lors de l’affaire de la Valteline, 1620, qui allait mettre aux prises Français et Espagnols : il refuse de prendre parti et cherche l’occasion de se poser en médiateur. La mort’ne lui en laissa pas le temps.

A l’égal des guerres politiques, il redoute les guerres de religion. S’il n’approuve pas plus que ses prédécesseurs la paix d’Augsbourg de 1555, il la considère comme un moindre mal. Il ne veut pas que les catholiques fassent quoi que ce soit pour la rompre. Aussi n’approuve-t-il qu’avec crainte la Ligue catholique des princes allemands, laissant nettement entendre qu’il ne lui accordera aucun subside, si elle entreprend de mettre la paix en péril. Cf. Chroust, Briefe und Akten zur Geschichte der Dreizigjàhrigen Krieges, t. ix, p. 79.

Le conflit avec Venise.

 1. Causes du conflit. —

Elles se trouvent dans l’atteinte portée par la République aux immunités ecclésiastiques. Avant l’élection de Paul V, deux lois avaient été promulguées, lésant les droits de l’Église : la première, du 10 janvier 1604, défendait de construire des couvents, des églises, des hôpitaux, sans la permission du Sénat, sous peine de bannissement et de prison perpétuelle, en cas de récidive ; la seconde, du 26 mars 1605, interdisait la donation et la vente aux ecclésiastiques de biens possédés par des laïques, sous peine de saisie des biens. De plus, le Sénat avait fait arrêter deux clercs, un chanoine de Vicence, Scipion Sarrasin, et l’abbé de Nervèze, Brandolino Valdemario, accusés, le premier d’avoir souillé de nuit, par vengeance, la porte d’une dame, le second, d’avoir commis un meurtre. Cf. Muratori, Annali d’Italia, t. xi, Milan, 1749, p. 17.

C’était aller contre les prescriptions du concile de Trente, sess. xxv, De réf., c. xx, qui avait rappelé aux princes le respect dû « aux libertés, immunités et juridictions propres au clergé ». Le pape jugea de son devoir d’intervenir. Il défendra la juridiction ecclésiastique « avec zèle, de toutes ses forces, jusqu’à verser son sang ». Cornet, Paolo Ve la Republica Veneta, Vienne, 1859, p. 3, note. Il rejette toute explication de l’ambassadeur vénitien, Ag. Nani et exige la suppression des deux lois, ainsi que la remise des deux clercs coupables à la juridiction ecclésiastique. Le nonce Horace Mattei se heurte sur ces deux points à un refus formel de la Seigneurie.

2. L’interdit.

Devant la ferme attitude du pape qui, dans deux brefs du 10 décembre 1605, avait condamné les deux lois, exigé la remise des deux ecclésiastiques et menacé de graves censures s’il n’obtenait pas satisfaction, la Seigneurie, décidée à ne pas céder, cherche à gagner du temps, utilisant tous les prétextes. On arrive ainsi au printemps de 1606. Voyant qu’aucune concession n’était à attendre de la République, le pape, dans le consistoire du 17 avril, déclare qu’il frappera d’excommunication le Sénat et d’interdit tout le territoire de Venise si, dans les 24 jours, les lois ne sont pas rapportées et les prisonniers livrés. Les envoyés vénitiens quittèrent Rome et le nonce, Venise.

A Venise, on s’était préparé à la lutte. La Seigneurie