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    1. PERFECTION CHRÉTIENNE##


PERFECTION CHRÉTIENNE. POSSIBILITÉ

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aliquis totum cor suum ponat in Deo ; ita scilicet quod nihil cogilet, vel velit, quod divinse dilectioni sit contrariuin ; el hsec perfeclio est commuais omnibus caritatem habenlibus. Q. xxiv, a. 8. On pourrait ergoter et se demander si cette perfection, en quelque sorte toute négative, répond vraiment à la définition posée au point de départ : aime-t-on vraiment Dieu autant qu’on le peut, quand on se contente de ne rien penser ni vouloir qui soit contraire à l’amour de Dieu ? Il semble bien que saint Thomas soit quelque peu embarrassé pour trouver là cette » totalité » de l’amour prescrite par le commandement divin. N’y a-t-il pas quelque subtilité à distinguer aliqua lotalilas perfectionis quæ sine peccato pnvtermitli non potest, aliqua autem quæ sine peccato prætermittitur, dum tamen desit contemptus ? Q. clxxxvi, a. 2, ad 2um. Quoi qu’il en soit, c’est un fait : saint Thomas enseigne que la totalité de l’amour peut s’entendre d’une manière pour ainsi dire atténuée, mais qu’ainsi entendue elle constitue encore une espèce de perfection.

Tertia autem est perfectio, quæ neque attenditur secundum totalitatem ex parte dihgibilis, neque secunduni totalitatem ex parte diligentis quantum ad hoc quod semper actu feratur in Deum, sed quantum ad hoc quod excludantur ea quæ répugnant motui dilectionis in Deum ; et hoc dupliciter : uno modo, in quantum ab afîectu hominis excluditur omne illud quod contrariatur carilali, sicut est peccatum mortale ; et sine tali perfectione caritas esse non potest ; unde est de necessitate salutis. Q. clxxxiv, a. 2.

Cette espèce de perfection est dite perfectio sufficientiw, quam habet homo secundum quod luibet quod sibi est necessarium ad salutem ; et saint Thomas la trouve mentionnée dans l’épître de saint Jacques : ut silis perfecti et integri in nulle déficientes. In Eph., vi. leç. I. Elle est aussi appelée perfectio essentialis : Caillas habet per/ectioncm quantum ad esse suum, secundum quod est perfecta in specie sua ; et hsec est perfectio suffleientise, et ad hanc omnes ienentur, sicut ail caritatem ; quia caritas lia bel quanlitalem déterminaient ! citra quant non porrigitur ; et in hoc slal perfectia essentialis ipsius. In //P"" Sent., toc. cit. Cf. De carit., a. Il : et Il’-II’. q. clxxxiv, a. 3, ad 3° ni.

En vérité, si l’on réfléchit à toul ce que comporte cette perfection su/ficienlitc, on ne sera pas trop étonné que saint Thomas la considère comme le plus bas degré de la perfection chrétienne) mais enfin comme un degré déjà appréciable de perfection. Est autem infimiis divins dilectionis gradus ut nihil supra etini. nul contra eum, aut.rqtialiler ci diligatur : a quo qraiiu perfectionis qui déficit, nullo modo implet prse ceptum. Q. a xxxiv, a. -’î. ad 2°’". Ne rien aimer contre Dieu, plus que Dieu, autant que Dieu : n’est-ce pas toul simplement le premier degré d’humilité de saint Ignace ? Ne suppose i il pas que quand on m’offrirait le domaine de l’univers, quand on me menacerai ! de m’ôter la vie, Je ne mettrais pas menu’en délibération la possibilité- de transgresser un commandement « le Dieu OU des hommes qui m’oblige SOUS peine de péché mortel 7 Qu’on lise le chapitre v du

De perfectione et l’on se rendra compte que ce n’est pas

une petite affaire que de réaliseï ce degré d’amoUr de

Dieu qui constitue cette pcrteclin su/fit ientite néees

aire au salut.

/ i degrés supérieurs de la perfection commune (II’il’, q. xxiv, a. I. ad I"" 1 ; q. clxxxiv, a. 2. ad.."" : a. 3, ad 2’"" : in 1 1 P"' Sent., disl XXIX, q. i, a. 8, qu. 2 el 3 ; De perfectione, c. xm-xvi). — "u venons de le voir, la perfection que nous pou vous appeler commune, par opposition à la perfection à laquelle nous avons accès par la voie îles conseils évangéliques, comporte un degré Inférieur d’amour

d( I >ieu qui est de nécessité de salut Ce qui laisse entendre que les autres degrés mle sont pas. Ces

degrés supérieurs de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain ne constitueraient-ils pas une autre espèce de perfection, à laquelle saint Thomas n’a pas donné de nom particulier, mais que nous pourrions appeler la perfection proprement dite, selon la distinction établie par saint Thomas lui-même entre ce qui est de nécessité et ce qui est de perfection ? Cf. supra, col. 1224. Cum id quod cadit sub prsecepto, divers imode possit impleri, non efficitur transgresser prsecepti aliquis ex hoc quod non optimo modo implet, sed suffleil quod quoeumque modo impleat illud ; non est transgressaiprsecepti, qui non attingit ad medios pebfeciionis gradus, tlummodo attingat ad in/imum. Q. clxxxiv, a. 3, ad 2° 1°. L’n commandement peut être accompli de bien des manières, mais celui qui le donne n’entend pas nécessairement qu’il soit accompli de la meilleure manière possible : il y a de la marge laissée à la générosité du bon serviteur. Il y a là tout un domaine qui constitue la perfection de la charité, non plus quantum ad esse suum, mais quantum ad bene esse ; cf. In IIlum Sent., loc. cit., qu. 2 : tout ce qui dépasse cette quanlitalem delerminalam citra quam non porrigitur (caritas) rentre dans ce domaine.

Or, la grandeur de la charité peut être envisagée de deux points de vue différents : secundum intensionem. scilicet ut perfeele diligat ; et secundum objecta vel effeclus, ut perfecta facial, ibid. ; ou mieux : carilali non convenu quantitas dimensiva, sed solum quantiias virtualis, quæ non solum attenditur secundum numerum objectorum, ut scilicet plura vel pauciora diliguniur. sed etiam secundum intensionem aclus, ut mugis rcl minus aliquid diligatur. H a -II*’, q. xxiv, a. 4. ad l uni. En deux mots, la charité peut croître en extension ou en intensité : du moins la charité envers le prochain, car il semble bien que la charité envers Dieu ne puisse croître qu’en intensité. C’est à propos de l’amour du prochain que saint Thomas partage le domaine de la perfection proprement dite, ou perfection quantum ad bene esse, en trois régions, si l’on peut dire : primo quidem secundum extensionem dilectionis. ut scilicet aliquis non solum diligat amicos et notas, sed etiam extraneos. et ulterius inimicos ; secundo secundum intensionem, quæ ostenditur ex his quæ homo propter proximum rontemnit ; tertio quantum ad effectum dilectionis, ui scilicet homo pro proximis impendat non solum temporalia, sed etiam spiritualia, el ulterius seipsum. Q. CLXXXIV, a.’-'. ad i iiT ". La différence*des deux derniers points de vue parait un peu subtile, mais ce n’est pas le lieu de nous y attarder. Dans les trois chapitres XIV, XV et xvi du De perfectione. saint Thomas étudie cet te perfection de l’amour du prochain quæ cadit sub consilio, précisément à ce triple point de vue : set undum extensionem, quantum ad intensionem et quantum atl effectum.

Il est bien évident que cette cinquième espèce de perfection si du moins on peut la distinguer de la troisième en ce qui concerne ramour de Dieu ; le De

perfectione, cf. c. vi et xiii, ne semble connaître d’autre

perfection de conseil, en ce qui concerne Dieu, que la perfection à laquelle OH accède pal la voie des conseils i’angéliquet admet une Infinité de degrés, au moins quant à l’intensité : l’amour peut croître a l’infini. II"-II’. q. xiv. a. 7.

III. La perfection bsi blli possibli ici bas ? (ilII’, q, xi. a. 8 ; q. uv. a. I. ad 2<"" ; a 6 q. ci. xxxi v. a. 2 ; De caritate, a. 10 ; Cont. gent., I. III, C. I xxx : Cont. rrtrahenles. c. vi ; De perfecl., c. i > On devine aisément la réponse que donnera saint I honias a cette question ; elle consistera à distinguer entre perfection et perfecl ion et a conclure qu’lUll

taine espèce n certain degré de perfection est pOS

lible Ici bas. mais non toute espèce de perfection : et que, notre chante étant Susceptible de CTOtl l’infini, la perfection absolue M peut pas exister l>u