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    1. RESURRECTION##


RESURRECTION. SPECULATION THÉOLOGIOUE

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labo eum in novissimo die, et la promesse de la résurrection est répétée, comme un refrain, à trois reprises, Joa., vi, 39, 44, 55. La promesse, reprise au ꝟ. 55, a pour gage l’eucharistie, gage de la vie éternelle et, pour cette raison, forme la conclusion de l’évangile de la messe quotidienne, dont l’épître se contente de redire, avec l’auteur de l’Apocalypse, xiv, 13, le bonheur de ceux qui sont morts dans le Seigneur : ils ont conquis le repos.

La prose Dics iras débute par la scène du jugement et de la résurrection générale :

Tuba mirum spargens sonum

Per sepulcra regionum,

Coget omnes ante thronum.

Mors stupebit et natura,

Cum resurget creatura,

Judicantï reaponsura…

L’oraison commune pro uno dejuncto exprime nettement l’espoir d’une résurrection glorieuse, ul in resurreclionis gloria, inler sanctos et eleclos luos resuscitatus rcspirel.

L’office lui-même est rempli de la pensée de la résurrection. A matines, les répons 1 et 2, du premier nocturne, attestent la croyance à la résurrection, le. premier emprunté à Job, xix, 25-27, le second rappelant la résurrection de Lazare. Le. texte de Job revient, au troisième nocturne, dans la leçon viii. Nous avons dit plus haut, voir col. 2505, que le sens littéral de ce passage ne suggérait pas l’idée de la résurrection générale à la fin des temps. Mais le sens dogmatique que la liturgie lui a accordé ici à la suite de nombreux Pères lui confère, au point de vue de l’enseignement traditionnel, une valeur indiscutable en faveur du dogme de la résurrection. Voir Ami du Clergé, 1926, p. 802. Les laudes débutent par cette antienne où se manifeste l’espérance chrétienne : Exsultabunt Domino ossa hiuniliala ! et Tant ienne du Benedictus rappelle les paroles de Jésus à Marthe : Ego sum resurrectio et vila…

Le rituel reflète la croyance de l’Église dans les diverses bénédictions des cimetières. Bénédiction d’un nouveau cimetière, tit. viii, c. 29 : Bcnedicatur et sanctificctiir hoc cœmclerium, ut humana corpora hic posl viliv cursum quiescenlia, in magno judicii die simul cum felicibus animabus mereuntur aiipisci ville perennis gandin. Et l’oraison finale demande que la consolation éternelle soit largement impartie corporibus quoque. eorum in hoc rœmelerio quiescenlibns, el tiibarn primi Arrhangcli exspeclanlibus. Pareillement, dans la formule de réconciliation d’un cimetière-. violé, l’Église adresse au Christ cette belle prière : Hoc cœmclerium peregrinorum luorum, cecleslis palriæ incolalum exspectanlium, benignus purifica et reconcilia ; et hic lumulalorum el lumular.dorum corpora, de potentia et pietale liur resurreclionis ad gloriam incorruplionis, non damnant, sed glorificans resuscila.

Mais ce n’est pas seulement l’office et la messe des morts qui attestent, dans la liturgie catholique, cette croyance à la résurrection future. L’oraison de l’Avent, à la vierge Marie, résume en quelques mois tous les espoirs du chrétien au moment de la venue du Christ, ul qui, angelo nunlianlc, Christi J’itii lui incarnalionem cognouimus, per passionem ejus et crucem, ad resurreclionis gloriam perducamur. Le dimanche des Rameaux, un symbolisme merveilleux s’exhale des palmes d’olivier toujours vertes : Inlcllexil jam Ma hominum beala mulliliido pric/ignrari quia Redemplor nosltr huma ni s condolens miser ! is, pro tetius mundi vila eum mortis principe esscl pngnaturus, ac moriendo Iriumpluiitirus. .. Quod nos quoque plena fide, el jaclum, el significalum relinentes, le Domine sancte Pater omnipotens… supplieiler exoramus ; ul in ipso, atque per ipsum, cujus nos membra jitri voluisli, de morlis imperio uictoriam reportantes, ipsius gloriosm resurrectionis participes esse mereamur. Symbolisme de résurrection future et d’immortalité, dont sont encore plus ou moins consciemment imprégnées certaines régions de la France, où c’est la coutume de porter, au jour des Rameaux, des branches de buis bénit sur les tombes.

Faut-il, en terminant, rappeler la récitation du symbole, soit à la messe, soit dans l’administration du baptême et de la confirmation, les interrogations posées au catéchumène, où nous retrouvons l’affirmation de la croyance à la résurrection : El exspeclo resurrcctioqem mortuorum et vilam venluri sœculi.

Conclusion. —

Après avoir ainsi interrogé l’enseignement traditionnel de l’Église, tel que nous le livrent les documents du magistère, interprétés par les Pères, on peut conclure que, si la pensée de l’Église est restée strictement fidèle aux données de l’Écriture et particu lièrement de saint Paul, mettant en relief presque exclusivement la résurrection glorieuse promise aux membres fidèles du Christ ressuscité, elle s’en est tenue aux trois points doctrinaux affirmés dès le début : résurrection des morts à la fin du monde, résurrection universelle, résurrection des mêmes corps qui auront vécu pendant cette vie. Tout au plus peut-on distinguer une insistance plus particulière à affirmer, au point de vue moral des dioits de la justice divine, l’identité numérique des corps ressuscites. En ce qui concerne les corps des élus, l’enseignement traditionnel se situe entre deux extrêmes : transformation complète des corps en corps totalement spiritualisés, d’une part, et, de l’autre, maintiendesconditionsdu flux perpétuel des éléments s’agrégeant et se desagrégeant. Mais, si l’identité numé. ique des corps doit être maintenue comme une condition primordiale de l’exercice de la justice divine à leur égard, il faut confesser, aussi bien pour les damnés que pour les élus, mais surtout pour les élus, une véritable transformation des conditions actuelles de l’existence. Ces considérations posent un nouveau problème : à quelles conditions peut être, doit être sauvegardée cette identité ? La solution de ce problème est-elle une vérité considérée par l’Église comme appartenant à son enseignement dogmatique, ou relevant simplement de la spéculation théologique ou philosophique ? Il faut avouer que les Pères n’ont rien affirmé à ce sujet. Tous leurs efforts, en insistant sur l’identité nécessaire aux corps icssuseités, a été de sauvegarder les droits de la justice a l’égard des corps, unis sur cette terre à l’àme dans le bien comme dans le mal, et c’est pourquoi ils se sont insurgés contre l’hypothèse de corps nouveaux, célestes, spirituels, n’ayant aucun point de contact avec les corps possédés en cette vie, hypothèse qu’ils prêtaient, assez gratuitement semble-t-il, à Origène et aux disciples d’Oiïgène.

La question qui se pose maintenant est donc beaucoup moins de savoir si les théologiens ont maintenu fermement la tradition catholique sui les trois point ! dogmatiques signalés tout au début, que de chercher si hurs écrits ont apporté quelque lumière à la solution du problème relatif à l’identité des corps ressuscites. Disons immédiatement qu’aucun progrès ne semble s’être affirmé à cet égard et que le champ de la spéculation théologique et philosophique paraît être demeuré libre.


IV. Les spéculations des théologiens.
Après un court aperçu du maintien de la doctrine traditionnelle cheI. les théologiens de la préscolastique, nous ferons le bilan des spéculations théologiques relatives au problème principal de l’identité des corps ressuscites et à certaines questions subsidiaires.

I. MAINTIEN DE LA DOCTRINE TRADITIONNELLE CHEZ LES THÉOLOGIENS DE LA PRÉSCOLASTIQUE.

Suite de l’enseignement traditionnel.


Malgré la croyance explicite, nettement affirmée depuis près de