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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/359

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SACRILÈGE. SAGESSE (LIVRE DE LA)

1927 ; Gousset, Théologie morale, 10e édit., t. i et ii, Paris, 1855 ; Gury-Ballerini, Compendium theologiæ moralis ab auctore recognition et Ballerini adnotationibus locupletatum, 4e éd., t. i, Rome, 1877 ; Lehtnkuhl, Theologia moralis, 2e edit., t. i, Fribourg-en-B., 1910 ; de Lugo, Disputationes scolasticæ et morales de pœnitentiadd, disp. XVI, Paris, 1868-1869 ; Many, Prælectiones de locis sacris, Paris, 1904 ; Matthæus a Coronata, De locis et temporibus sacris, Turin, 1922 ; Pruemmer, Manuale theologiæ moralis, t. ii, Fribourg-en-B., 1923 ; Tamburini, Explicatio Decalogi, dans Opera omnia, l. ii, Venise, 1707 ; Tanquerey, Synopsis theologiæ moralis et pastoralis, t. ii, Rome et Paris, 18122 ; Vermeersch, Theologies moralis principia, responsa, consilia, t. ii : De virtutum exercitatione, 2° édit., Bruges, 1928 ; Wernz, Jus decretalium, t. ii et t. vi, Prati, 1905 ; Wouters, Manuale theologies moralis, t. i, Bruges, 1932, n. 610-619.

Nicolas Iung.

SAGESSE (Livre de la). — Livre de l’Ancien Testament, deutérocanonique ; comptant, dans la Bible grecque, parmi les livres didactiques entre Ἀισμα (Cantique) et Σοφία Σειράχ (Ecclésiastique). Placé de même dans la Bible latine, selon la Vulgate hiéronymienne. Il y suit cependant, dans quelques manuscrits, l'écrit du Siracide, qui le sépare ainsi — intentionnellement peut-être — des livres salomoniens (Prov., Eccle., Gant.). Dans nombre de Bibles plus anciennes qui disposent les Ecritures sacrées dans l’ordre donné par le Prologus galeatus de saint Jérôme ou par le Décret de Gélase, il constitue avec l’Ecclésiastique le petit groupe binaire des « deux Sapiences », toujours éloigné du groupe ternaire de ces menus livres attribués à Salomon. Voir S. Berger, Histoire de la Vulgate, Nancy. 1893, p. 331-339.

I. Titre.
II. Contenu (col. 703).
III. Canonicité (col. 706).
IV. Composition (unité et intégrité) (col. 712).
V. Auteur et date (col. 717).
VI. But et destinataires (col. 725).
VII. Langue, texte et versions (col. 730).
VIII. Doctrine (col. 733).
IX. Commentateurs (col. 742).

I. Titre du livre.

Dans les plus anciens manuscrits de la Bible grecque, le livre a pour titre Σοφία Σαλωμῶνος (Vaticanus) ou Σ. Σαλομῶντος (Sinaïticus), Σ. Σολομῶνος (Alexandrinus), Σ. Σολομῶντος (Cad. Ephræmi) : « Sagesse de Salomon. » Il n’est pas vraisemblable que par ce titre, on ait voulu dès l’origine désigner le roi Salomon comme auteur du livre ; on entendait plutôt le rapporter à la doctrine. La version syriaque s’intitulait, dans ses manuscrits les plus anciens, « Livre de la grande Sagesse » ; seuls ses plus récents témoins occidentaux ont ajouté à ce titre le nom de Salomon. La version latine, la version copte et la version syro-hexaplaire portent en suscription : Sapientia Salomonis ; la version éthiopienne : Vaticinium Salomonis. L'édition vulgate a rendu au livre son titre logique et naturel de Liber Sapientiæ, introduisant un abondant discours où se développe un magnifique éloge de cette même sagesse qui, depuis le temps de Salomon et à travers les livres de Job et des Proverbes, de l’Ecclésiaste et de l’Ecclésiastique, porte en elle-même le secret de l'énigme de la vie humaine dans le monde et la vraie formule de sa conduite morale — éloge qui la maintient sans cesse en étroit rapport avec Dieu créateur de tout être et dispensateur de toute science pratique, par quoi l’homme peut devenir participant à l’amitié divine et à la vie bienheureuse dans l’au-delà.

II. Contenu du livre.

L’auteur célèbre la sagesse sous trois aspects principaux religieusement, utilitaire, philosophique et historique comme source du vrai bonheur, qui est l’immortalité bienheureuse dans l’autre vie. i-v ; comme divine par son origine, sa nature et ses effets dans l’ordre Intellectuel et moral. vi-ix ; comme agent de bénédiction ou de châtiment dans l’histoire du monde primitif et de l’ancien Israël, x-xix.

La sagesse se recommande comme guide utile, et même nécessaire, vers l’immortalité bienheureuse, au contraire des dires île ses ennemis, impies ou apostats.

1. Elle ne s’obtient, en effet, que par la pureté morale, le péché ayant pour suite le châtiment et la mort : i, 1-16. - Exhortation à rechercher par la pureté morale la sagesse, connaissance de Dieu, dont le péché sépare en tant qu’il rend l’homme incapable d’atteindre cette sagesse, i, 1-5. L’impie, le blasphémateur ne peut éviter le châtiment de Dieu qui voit et sait tout du monde et de l’homme, 6-10. Se garder donc du péché pour ne pas encourir la punition (à laquelle Dieu, du reste, ne saurait se complaire), 11-14. Quiconque est agréable à Dieu par la sagesse obtient l’immortalité bienheureuse, les impies n’ayant pour lot que la mort, 15-16.

2. Elle condamne les idées frivoles des adversaires sur le but suprême de la vie humaine et leurs sentiments hostiles contre les juifs restés fidèles à la loi de Dieu : ii, 1-24. — Idées frivoles des impies sur l’homme qui, à leur dire, périt tout entier, 1-5 ; d’où la licence de jouir des biens de la vie sans appréhension de l’au-delà, 6-9. Sentiments hostiles de ces incrédules contre le juste, qu’il faut alors persécuter, parce que sa conduite les blâme et les humilie, 10-16, et qu’il est bien improbable que Dieu le délivrera de leurs mains, 17-20. Insensés, qui ignorent les secrets de Dieu touchant la récompense réservée aux saints leurs victimes! 21-22.

3. Elle détermine enfin le sort différent des impies et des justes en cette vie et dans l’autre : ii, 23-v, 23. — En dépit de la mort qu’ils ont endurée, les justes jouissent d’une paix éternelle auprès de Dieu, ii, 23-iii, 5 : les maux de la terre ont été pour leur épreuve et leur purification, iii, 4-6. Ils devaient avoir leur récompense dans l’autre vie, 7-9 ; tandis que les impies et leur postérité y recevront leur châtiment, 10-12. Les justes sont dédommagés dans l’autre vie, bien qu’ils aient été privés ici-bas des joies de la famille, 13-15 ; lundis que les enfants des impies sont voués à l’oubli et à la perdition, 16-19. Les justes, bien que privés d’enfants ici-bas, sont néanmoins honorés de Dieu et des hommes, iv, 1-2 ; tandis que les enfants des impies partagent dans l’autre vie la damnation de leurs parents, 3-6. La mort prématurée du juste est pour lui un bonheur : il est ravi au ciel, 7-16 ; tandis que la longue vie des impies ne leur sert de rien : ils vont en enfer, 17-19. Au jugement, tandis que les justes ont confiance, les impies s’accusent eux-mêmes, iv, 20-v, 14 ; alors que les bons sont récompensés, les méchants sont punis, 15-23.

La sagesse se recommande à raison de sa nature, de ses effets dans l’ordre intellectuel et moral, et de son origine divine.

1. Elle exhorte d’abord les grands à la rechercher elle-même : vi, 1-21. — Aux grands de la terre qui la négligent, la dédaignent, un sévère jugement sera appliqué, 1-11. Elle est facile à obtenir pour ceux qui la recherchent, 12-16. Sa recherche conduit à l’immortalité bienheureuse, qui est la seule véritable souveraineté, 17-21.

2. Elle révèle par la bouche de Salomon sa nature et sa valeur, comme aussi de qui et à quelles conditions elle s’obtient : vi. 22-ix, 18. Salomon la veut définir pour le bien du monde et du peuple, vi, 22-25. Lui même, en tout semblable au reste des hommes par l’origine et la nature corporelles, ainsi que par la mort inévitable, vii, 1-6, a prié Dieu de lui octroyer la sagesse qu’il n’avait pas, 7, et a obtenu pour son grand profit en ce monde ce trésor entre tous inestimable et inépuisable, 8-14. Priant Dieu encore de l’assister dans son dessein de décrire la sagesse, 15-16, il dit d’abord ce qu’elle lui a appris du monde créé 17-22a ; puis il la décrit telle qu’elle est en elle-même, 22b-26,