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ÉVÈQUES. ORIGIiNE DE L’ÉPISCOPAT


3. Cerdon ; 4. Primus ; 5. Juste ; 6. Euniènc ; V.Marc ; 8. Céladion ; 9. A, mippinus ; 10. Julien ; 11. Démétrius. Bien qu’il soit impossibIe de la contrôler, faute de documents similaires, rien ne permet d’en suspecter la véracité. On remarquera que saint Marc, comme saint Pierre à Rome et à Antioche et contrairement à saint Jacques de Jérusalem, est rangé en dehors de la série : Anianus est le premier évêciue d’Alexandrie après Marc. Eusèbe, H. E., 1. II, 24 ; 1. III, 14.

Il est curieux qu’à part la liste épiscopale, le seul renseignement sur l’histoire de l’Église d’Alexandrie jusque vers l’an 180 nous vienne d’un document profane. L’empereur Adrien écrit au consul Servianus, son ami, qu’il trouve l’Egypte légère, inconstante, agitée par le moindre souffle de la renommée ; ce qui l’étonné le plus, c’est le syncrétisme religieux des Égyptiens : lllic qui Serapem coliint, chrisiiani sunt ; et clevoti siint Serapi qui ic Christi episcopos dieunt. Nemo illic archisynagogus Judœorum, nemo Samarites, nemo clvistianoruni presbijler non mathematicus, non haruspcx, non aliptes. Ipse ille pairiarcha, cum Mgyplum venerit, ab aliis Serapidem adorarr, ab aliis cogitur Chrisium… Unus illis deus nummus est. Hune christiani, hune judœi, hune omnes venerantur et gentes, dans Flavius Vopiscus, Hist. Aug., Saturninus, VIII, 1-7. Il ne faut pas trop faire fond sur cette boutade impériale. Adrien n’a qu’une vue très superficielle des religions égyptiennes en général et du christianisme en particulier. Il est frappé d’un fait, c’est que les diverses confessions religieuses vivent en paix. En effet, nous n’entendons guère parler de persécutions sanglantes en Egypte avant celle de Septime Sévère (202). Adrien sait aussi que le chef religieux des Juifs s’appelle patriarche et qu’il ne réside pas habituellement en Egypte ; il connaît de réputation les évêques et’es prêtres chrétiens ; et ce nom d’évêques (au pluriel) est à noter, car il s’accorde mal avec l’opinion qu’il n’y aurait eu qu’un seul évêque en Egypte avant Démétriiis. Enfin toute la lettre donne l’impression que les disciples du Christ formaient déjà une partie considérable de la population égyptienne, au moins là où l’empereur l’a observée.

3. Église d’Antioehe.

Ce fut la première Église

mixte composée indifféremment de juifs et de gentils (Act., XI, 19, 20 : èXâ), ouv xa upo ? "EX^r^vaç et non pas Trpbi ; ’EXXriVtorâç, Comme porte le texte reçu). Barnabe, chargé de l’organiser, Act., xi, 22, s’adjoignit Paul pour collaborateur. Act., xi, 25-26. Nous n’y trouvons mentionnés ni diacres ni anciens, mais seulement des docteurs et des prophètes. Act., xiii, 1 ; cf. XI, 27-28. Il est probable que durant la persécution d’.A grippa (42-44) un ou plusieurs apôtres résidèrent habituellement à Antioche. Nous y constatons la présence de saint Pierre vers l’an 50. Gal., II, 11. Eusèbe nous apprend que le premier évêque d’Antioche après saint Pierre fut Évode. //.£., !. III, 22 ; Chronique, à l’an d’Abraham 2058 (42 après J.-C.) : Qusestiones ad Stephanum, dans Mai, Scriptor. veter., t. i, p. 2. Origène confirme ce témoignage quand il dit qu’Ignace fut le seeond évêque d’Antioche après saint Pierre. In Luc., homil. vi, P. G., t. xiii, col. 1815. Il est probable, comme nous l’avons dit ci-dessus, qu’Eusèbe dépend ici de Théophile d’Antioche dont lu Chronique date d’environ 170. Le fait se présente donc avec toutes les garanties désirables. Le second successeur de Pierre dans la chaire d’Antioche acquit tant de célébrité qu’on ne lui aurait jamais donné un prédécesseur fictif. En effet, dans les siècles suivants, Ignace éclipsa tellement Évode qu’il en abolit la mémoire. Évode n’est mentionné ni par Tertullien, De præscript., 32, ni par saint Athanase, Epist. de synodis, i, 47, P. G., t. xxvi, col. 776, ni par saint Chrysostome, 170/n17. in Ignat., l, P. G.,

t. L, col. 588, là où il est question d’Ignace. Théodoret au ve siècle, Dz « Z., i, rfe immutabilitate, 82, P. G., t. Lxxxiii, col. 81 et Malalas au vi", Chronographia, édit. Dindorf, Bonn, 1831, p. 252, croient savoir qu’Ignace fut ordonné par Pierre. Les Constitutions apostoliques, 1. VII, xlvi, arrangent tout en supposant qu’Évode fut ordonné par Pierre et Ignace par Paul. Il y a donc i.i certitude dans la chronologie, mais non pas dans l’ordre de la succession. L’incertitude provient i eut-être de la difficulté qu’on avait à concilier cette double donnée traditionnelle : a) que le successeur immédiat de Pierre sur le siège d’Antioche avait été Évode ; b) qu’Ignace touchait aux temps apostoliques et avait reçu des apôtres la consécration épiscopale. A la rigueur, les deux faits sont conciliables, car Évode peut avoir cessé de vivre avant la mort des apôtres, comme le suppose l’auteur des Constitutions apostoliques ; ou bien Ignace peut avoir reçu la consécration épiscopale sans siège fixe, comme Timothée, comme Tite, comme tant d’autres à cette époque et n’être devenu évêque sédentaire d’Antioche qu’après la mort d’Évode. En tout cas, si l’une des deux données résulte d’une hypothèse bâtie après coup, il y a tout lieu de croire que c’est la seconde ; car elle apparaît longtemps après l’autre et il est inadmissible qu’on ait inventé de toutes pièces le personnage obscur d’Évode, au moment où régnait la tendance d’associer Ignace aux apôtres sans solution de continuité.

4. Église de Jérusalem.

Sept ou huit ans après l’ascension, Jacques, frère du Seigneur, occupe à Jérusalem une position tout à fait exceptionnelle. Paul, lors de sa première visite à la Ville sainte, ne s’abouche avec aucun autre apôtre, en dehors de Pierre, si ce n’est avec Jacques (Gal., i, 19 : ërspov Se Tôj- ; àuoTTÔXwv oùvi eîSov si i.r]’lâvt(oêov). Vers l’an 43, Pierre, miraculeusement tiré des prisons d’Agrippa, fait aussitôt porter la nouvelle de sa déUvrance à Jacques comme au chef de l’Église. Act., xii, 17. Quelques années après, en 49 ou en 50, Paul et Barnabe, étant venus à Jérusalem plaider la cause des Gentils, trouvent Jacques dans la même situation prépondérante. C’est, avec Pierre et Jean, une des trois colonnes de l’Église, Gal., ii, 19, qui approuvent la prédication de Paul et sanctionnent son apostolat. Dans l’assemblée des apôtres et des anciens, convoquée pour trancher la question de la Uberté des Gentils, Jacques seul prend la parole après Pierre et son avis est adopté. Act., xv, 13. Son autorité est telle que des émissaires de Jérusalem dans l’Église d’Antioche se recommandent de lui. Gal., ii, 12. Aussi Paul, lors de son dernier pèlerinage à Jérusalem, s’empresse-t-il de rendre visite à Jacques chez qui se réunissent tous les anciens. Act., xxi, 18. C’est précisément cette qualité de chef de l’Église qui le désigne à la haine des persécuteurs et aux coups des bourreaux. Une tradition remontant peut-être à une source commune, la légende clémentine, voulait que Jacques eût été nommé évêque de Jérusalem par le Seigneur lui-même, Recognit. clément., i, 43, P. G., t. I, col. 1232 [per Jacobum qui a Domino ordinalus est in ea episcopus] ; Constit. apostol., VIII, xxxv, ibid., t. I, col. 1135 ; S. Épiphane, Hser., lxxviii, 7, P. G., t. xLii, col. 709, ou par les principaux apôtres : « On dit qu’après l’ascension du Sauveur, Pierre, Jacques et Jean, que le Seigneur avait honorés plus que les autres apôtres, ne firent pas assaut de gloire, mais choisirent Jac-iues le Juste comme évêque de Jérusalem. » Clément d’Alexandrie, Hypotypos., vi, dans Eusèbe, H.E., . II, i, 3. Une tradition plus ferme avait conservé les noms de ses successeurs, dont Eusèbe transcrit la liste, H.E., . IV, v, 3 : 1. Jacques ; 2. Siméon ; 3. Juste ; 4. Zachée ; 5. Tobie ; 6. Benjamin ;