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1895
1896
EXTASE — EXTRAVAGANTES


Age des extatiques.

Voici quelques faits cités

par le docteur Iinbert-Gourbeyre, La stigmatisation, t. II, p. 275 : Passidce de Sienne eut de véritables extases à peine délivrée de ses langes ; Marie-Françoise des CinqPlaies, à quatre ans ; sainte Catherine de Ricci, Jeanne de Cuba, Madeleine Réniuzat, Catherine Emmerich, dès le bas âge ; sainte Hildegarde, Catiierine de Racconigi, Dominique du Paradis, à quatre ans ; sainte Catherine de Sienne, à cinq ans ; Lucie de Narni, à huit ans ; saint Pierre dWlcantara, la B^e Osanne, sainte Angèle de Brescia, la Mère Agnès de Jésus, à six ans ; Biaise de Caltavisetta, à sept ; saint Joseph de Cupertino, à huit ; Ursule Benissicasa, à dix ; Cliristine de Stumbele, à onze ; Agnès de Montepulciano, à quatorze ; Marie d’Agréda, à dix-liuit ; Véronique de Benasco, à quarante ; sainte Thérèse, à quarante-trois.

Fréquence.

Elle varie avec les extatiques ; il

n’est pas de règle absolue : Elisabeth de Spalbeck avait sept extases par jour ; sainte Madeleine de Pazzi fut pour ainsi parler continuellement en extase ; les trente-quatre dernières années de la vie de Marie de Mocrl furent une extase continuelle : dans cet état elle continuait d’ailleurs à prendre soin du ménage de sa pauvre famille. On trouvera d’autres faits dans Imbert-Gourbeyre. La stigmatisation, t. ii, p. '276, et dans Poulain, Des ^/nces d’oraison, c. xviii. Le sujet n’est pas épuisé ; le lecteur a pourtant, nous l’espérons du moins, une notion claire de l’extase divine, il peut la distinguer de ses contrefaçons diaboliques, ut surtout des états maladifs qu’on a essayé de lui assimiler. Il a entrevu les splendeurs magnifiques de cttte union intime de l'âme avec son Dieu, et les merveilles de grâce qui en découlent, lumières pour l’intelligence, forces pour la volonté. Il trouvera dans les auteurs mystiques le récit des terribles épreuves par lesquelles doivent passer des privilégiés de l’amour divin, comme aussi les conseils qui leur sont nécessaires pour marcher dans le rude sentier où Dieu les coiidiiit. Qu’il me permette, en terminant, de lui reco : nmander le II<^ traité de la Pratique de l’oraison mentale, par le P. René de Maumigny : ces matières y sont admirablement traitées.

Il est inip ; issible de donner une bibli<)graphi(' complète ; le sujet semble inépuisable. On pmi consulter Ribct, /.a /ni/stiqiie diuinci. iii, p. 703-711, cite plus de -100 ouvrages ; Poulain, Des (jVÙccs d’oraison, en cite prés de 200 ; Delacroix, Éludes d’histoire et de ps ! jcltoloi]ie du mijslicisme, donne une bonne liste de cent cinquante auteurs environ, anciens et modernes, qui ont surtout traité la question au point de vue théirique. A niiin sens, il y aurait, pour une bonne bibliographie de l’extase, à grouper les ouvrages sous trois titres : l'.'s fdils, les e.Tplications naturelles, les e.vpUeaiions siirnaturctles. 1° Pour les faits, il faut consulter avant tout : Aela sanctorum, puis les biograpliies particulières d’extatiques, en tâchant de se rendre compte de la valeur criticpie de chacune, les ouvrages des extatiques, qu’ils aient vécu dans la foi chrétienne ou en dehors d’elle. Le travail est immense. 2° Pour les crplications nidurclles des /ails, il faut étudier surtout les ouvrages modernes, la liste la plus complète se trouve dans Delacroix ; je cite quelques noms : Delacroix, Essai sur le njijslicisme spéculatif en Allemagne au.ïM"e siècle, Paris, ISilO ; Id., filades d’Iiisloire et de ; j.sycliologie du wiislieisme, Paris, 1908 ; Flournoy, Arcliii’es de psijclwlogie, 19j7 ; Grasset, leçons de clinique médicale, 1003 ; W..James, L’expérience religieuse, trad. franc., Paris, 1906 ; Janct, L’automatisme jisijehologique, Paris, 1889 ; Id., Obsessions et psijchaslénie, Paris, 1903 ; Lcuba, l^es tendances fondamenhtles des mgsliqnes chrétiens, dans la Revue philosophique, 1902 ; RibI, les mc.lc.dies de ta volonté, 18e édit., I^nis, 191)1 ; Id, I’sj : h :)U> : iie i.'es sentiments, Paris, 1896. 3° Pour les cxplicc.icr.s si : rn( : li : i elles, il faut lire les grands mystiques chr'-ticr.s, sainte Thérèse, saint Jean de la Croix, sainte Catherine de Sienne, sainte Catherine de Gênes, saint Berjiî'.rd, sair.l Prançcis de Sales, sainte Jeanne de (Ihantal, s ; i ! ite G ; 'rtrude, la E' MargueriteMarie, saiiUe Ai ; p'èle de Fclign-, sninte Mario-Madeleine

de Pazzi, le B. Henri Suso, Louis de Blois, Denys le Chartreux. Cela fait, chercher dans les grands théologiens, qui furent parfois de grands extatiques, la manière dont ils essaient de rendre compte à eux-mêmes et à leurs lecteurs des merveilles divines qu’ils ont subies ; saint Thomas et Suarez ne devraient pas suflire, il faudrait étudier Hugues et Richard de SaintVictor, le B. Albert le Grand, saint Bonaventnre, Ruysbroeck, Gerson, Alvarez de Paz, pour ne citer que quelques noms principaux. Voir Mystique.

A. Hamon. EXTRAVAGANTES. On donne le nom d’Extravagantes à deux recueils de Décrétales ajoutés au Corpus i /wrfs. On a vii, t. IV, col. 208, 210, que durant quelque temps les décrétales pontificales insérées dans les col[ lections postérieures au Décret de Gratien — et par [ conséquent celles aussi de la collection officielle de ' Grégoire IX — furent nommées iix/raiioi/rt/i/es. Toutefois, depuis que celles-ci eurent pris la première place dans l’enseignement des canonistes, ce nom cessa de leur être appliqué ; il fut réservé aux nouvelles décrétales, en particulier à celles qui suivirent la publication du Se.xtus. En fin, il devint le nom propre de celles qui ne furent inscrites ni dans le Se.vtus ni dans les Clémentines. Le recueil des Clémentines, en effet, ne contenait pas toutes les décrétales parues après le j liber V/"^, et comme il n’avait pas abrogé celles qu’il , avait omises, celles-ci continuèrent d’avoir une valeur j légale et, par conséquent, d'être citées. Ce fut sous le nom d’Extravagantes : [Deeretales] Extra [corpus juris] I vagantes. Le pape Jean XXII en augmenta le nombre I par les constitutions qu’il donna durant son pontij ficat ; les papes ses successeurs firent de même. Mais, ' n'étant pas renfermées dans une collection déclarée authentique, ces décrétales ne présentaient pour le public aucune garantie particulière d’authenticité. De plus, bien que réunies probablement avec l’assentiment de la curie romaine, on ne les trouvait pas toujours aisément. Lin P’rançais, Jean Chappuis, licencié en droit de l’université de Paris, en fit un double recueil.

Ayant accepté la charge de donner, pour les librai, res Ulrich Gering et Berthold Rembolt, une édition i complète du Corpus juris, en 1500, avec la collaboration de Vitalis de Thèbes, il joignit aux recueils anciens comprenant le Décret, les Décrétales, le Sexle et les Clémentines, une collection nouvelle divisée en deux séries : la première, sous le nom d’Extravagantes Joannis XXII, contenait un recueil de vingt décrétales de ce pape, distribuées en quatorze titres, sans classification par livre. Ces vingt décrétales étaient bien connues et avaient même été déjà glosées ou commentées, trois par le canoniste Guillaume de Montlezun, et toutes par un autre canoniste français, Zenzelinus (ou Genselinus) de Cassanis (Gcnselin de Cassagne), professeur à Montpellier, puis chapelain du pape et auditeur de Rote.

La deuxième série, sous le titre d’Extrcwagantes conjmunes, contenait 70 constitutions édictées par divers papes, de Martin IV (1281) — le c. 1, De sinwnia, attribué à Llrbain IV, paraissant appartenir plutôt â Urbain V, voir Friedberg, Corpus juris, t. ii, p. 1287 — à Sixte IV. Depuis 1503, elle en contient 74, le surplus provenant des trois décrétales de Jean XXII glosées par Montlezun et une d’un commencement de chapitre de Clément V, dont la suite seule avait été insérée dans les Clémentines. Décrétale Pastoralis ; cf. Clément. Quoniam, De immunitate ccclesiarum. Le tout est distribué sous 35 titres répartis en quatre livres, aucun texte ne se rapportant au 1. IV, De malrimonio.

On cite les décrétales de la première série sous diverses formes, mentionnant toutes le titre, par exemple ainsi : Extrav. Exsccrabilis, Joann. XXII, De firœbendis et dignilatibus, ou simplement Extr-a à