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EXTRÊME ONCTION CHEZ LES SCOLASTIOUES

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giques expriment souvent ces pensées (Orc/o 7/7, /l', IX, sacranientaire de Saint-Remi, etc. ; voir aussi J3ède, Anialaire, concile de Mayence, Réginon). L’onction fait triomplier du démon (Ordo I, IX, sacranientaire de Saint-Remi, etc.).

La guérison, le retour à la santé perdue pour que le fidèle puisse de nouveau servir Dieu sont aussi mentionnés très souvent. Bédé signale, en cet elîet, une conséquence de la rémission des péchés. La maladie est, dit-il, uucliâtiment des fautes de l’honnue. Quand il n’est plus coupable, il n’est plus puni. Cette conception ne fut pas perdue de vue : Paschase Radbert et Je concile de Pavie l’exprimèrent de nouveau.

Caractère sacramentel de l’onction.

Le rite

est institué par Jésus-Clirist pour donner la grâce. On n’oublie pas que l’huile en est le symbole : Anialaire surtout met en relief la signification du rite. Presque tous les écrivains et tous les rituels rapprochent l’onction de la pénitence et de l’eucharistie. Tbéodulfe donne à ces trois actes le nom de sacrement. Anialaire, Paschase Radbert, le concile de Pavie usent du même terme pour désigner l’application d’huile. Le mot n’a certes pas alors le sens précis que nous lui donnons. Mais si nous rapprochons ces divers traits, nous découvrons que les chrétiens du viii'= et du ix'e siècle attribuaient à l’onction des malades les caractères que nous exigeons d’un sacrement : visibilité du rite, valeur symbolique, efficacité surnaturelle, institution par le Clirist, usage normal, universel, permanent.

Auteurs calltoliqucs.

En dehors des manuels ou

traités de théologie (surtout Pesch, Prælectiones dncjmutica.', Fribourg-en-Brisgau, 1909, t. vu) ou d’histoire du dogme (surtout Tixeront, Histoire des doçjmes, Paris, 190 ; i, t. Il ; 1912, t. iii), il faut citer de Sainte-Beuve, De saciamento unctionis infirntorum e.rlremie, dans le Cursus Ih’oloç/iæ de Migne, t..v.xiv ; Marténe, De antiquis Ecclesiæ ritihus, 1. I, part. II, Rouen, 1700 ; Ménard, Noiie et obscruatinnes in S. Gregorii Magni librum sacramentorum, dans P. L., t. Lxxviii ; Mabillon, Obserindio de extrenia unclione, dans le Tlieologiæ cursus de Migne, t. xxiv ; Chardon, Histoire des sacrements, ibid., t. xx ; Schniitz, De efjectibus sacranienli exlremæ unclionis, Fribourg-enBrisgau, 1893 ; Boudinhon, La théologie de l’exlrême onction, dans la Revue cuilinlique des Églises, Paris. 1905, t. ii, p. 385 sq. ; Lejay, Ancienne théologie clirélienne, dans la Renue d’Iiistoire et de littérature religieuses, Paris, 1906, t. XI, p. 372 sq., et Le rôle ihéologique de Césaire d’Arles, ibid., 1905, t. x, p. 606 sq. ; Kern, De særanienlo exlremæ unclionis, Ratisbonne, 1907 ; Netzer, L’extrême onction aux viii" et IXe siècles, dans la Reuue du clergé français, Paris, 1911, t. lxviii, p. 182 sq. ; Boudinhon, Si les fidcle<i se faisaient eux-mêmes autrefois les onctions de l’huile sainte, ibid., t. lxviii, p. 722 sq. ; Villien, La discipline des sacrements. L’extrême onction, ibid., 1912, t. Lxx, p. 641 sq.

2°.li(/fiirs protestants. — Realencgl ; lopu lie, nrl. Œlung, par Kattenbusch, t. XIV, p. 30t-311 ; Puller, Ï71e anoinling o/ tlie sict : in Scripturc and tradilion uiilli some considérations on tlie nund>ering of Ihe sacramenis. Londres, 1904.

C. RucH.

III. L’EXTRÊME ONCTION CHEZ LES SCOLASTIQUES. — I. Avant la formation de la théorie sacranientaire. IL Après la formation de cette théorie.

I. Avant la formation de la théorie sacraMENTAiRE.

A partir du xe siècle, nous voyons se continuer de plus en plus nombreux les témoignages sur la pratique de l’extrême onction ; et comme, même avant que se forme la théorie des sacrements, plusieurs renferment des renseignements dogmatiques, on ne peut les négliger.

Ces témoignages sont de trois sortes : les uns, d’allure plus doctrinale, sont des ordonnances épiscopales ou monastiques concernant les soins spirituels à donner aux malades, ou encore des sermons ou des lettres qui contiennent quelque point de doctrine sur ce sacrement ; d’autres sont des rituels où sont

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DICT DE TKÉOL. CATHOL.

indiquées les prières et les cérémonies de l’extrême onction ; d’autres enfin sont des Vies cjui rapportent les derniers moments de leur héros ou des détails sur son ministère. Parmi les textes très nombreux cpie citent Launoy, De sacramento unctionis infirmorum, Genève, 1721, t. i a, p. 450-451, 491 sq., 549, 556, 597-601, et de Sainte-Beuve, Traclalus de sacramento unctionis infirmorum extrema ;, disp. II, a. 5, dans Migne, Tlwoloyiæ cursus completus, Paris, 1840, t. xxiv, col. 63-70, nous pouvons signaler les suivants :

Appartiennent à la première catégorie, une Sijnodica ad prcsbyteros de Rathier, évêque de A'érone († 974), n. 7, P. L., t. cxxxvi, col. 560 ; le Decrdum pro ordine sancti Benedicli de Lanfrauc († 1089), c. xxiii, P. L., t. CL, col. 508 ; un sermon de saint Pierre Damien(† 1072), 7/ ! dedicatione ecclesia', P. L., t. cxLiv, col. 899 ; les Statuta congregntionis eluniacensis, sous Hugues de Cluny († 1119), cités par de Sainte-Beuve, col. 66 ; une lettre d’Yves de Chartres († 1116) à Raoul, abbé de Saint-Fuscien, Episl., cclv, P. L., t. CLxii, col. 260 : une lettre de Geolïroy, abbé de Vendôme († 1132), à Yves de Chartres, Episl., xix, P. L., t. CLVii, col. 88 ; la Régula clericorum de Pierre de Honestis (tlll9), 1. II, c. xxii, P. L., t. clxiii, col. 727 ; et une lettre do Pierre le Vénérable, abbé de Cluny († 1156), à Thiébaud, abbé de Sainte-Colombe, Episf., I. V, epist. vii, P. L., t. clxxxix, col. 392.

Appartiennent à la seconde catégorie : les Anliciuiorcs consuetudines cluniacensis monastcrii, d’Ulrich, moine de Cluny († 1093), 1. III, c. xxviii, P.L., t. cxLix, col. 770-771 ; les Usus anliquiores ordinis cislcrciensis, dG saint Etienne, abbé de (liteaux († 1134), Ijart. IV, c. xciv, P. L., t. clxvi, col. 1471 ; et divers Ordincs ad visilemdum et ungendum infirmum, reproduits par Launoy, op. cit., surtout p. 491 sq., 598-599

Appartiennent à la troisième catégorie : la Vie de saint Dunslan (-f 988), par Osbern, moine de Cantorbéry, n. 16, P. L., t. cxxxvii, col. 427 ; la Vie de saint Oswald, archevêque d’York († 992), n. 19, Acta scmctorum, t. m februarii, p. 761 : la Vie de saint Fulcran, évêque de Lodève (y 1006), par Bernard Gui, n. 31, Acla sanctorum, t. ii februarii, p. 716 ; la Vie de saint Hcribert, archevêque de Cologne (V 1021), par Rupert de Ueutz, c. xxix, P. L., t. clxx, col. 419 ; la Vie de saint Godehard, évêque de Hildesheim († 1038), n. 43, P. L., t. cxli, col. 1194 ; la Vie de saint Poppon, abbé d'Étaples († 1048), par Everhelm, abbé de Hautinont, n. 55, Acla sanctorum, t. m januarii, p. 263 ; la Vie de saint Léon IX († 1054), par Wibert, archidiacre de Toul, 1. II, n. 14, P. L., t. cxliii, col. 503 ; la Vie de Wolphelm, abbé de Brauweiler († 1091), n. 35, P. L., t. cliv, col. 430 ; la Vie de Guillemme, abbé de Hirschau († 1091), n. 24, P. L., t. CL, col. 916 ; une lettre de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny († 1156), où il raconte la mo ; t de sa mère, Episl., 1. II, epist. xvii, P. L., t. clxxxix, col. 225 ; le récit de la mort de Henri I'^, roi d’Angleterre († 1135), par Orderic Vital, Hisloria ecclesiastica, 1. XIII, n. 8, P. L., t. cLxxxviii, col. 944 ; et deux passages de la Vie de saint Malachie, par saint Bernard, c. xxiv, xxxi, P. L., t. CLXxxii, col. 1103, 1115.

Quelle est la portée dogmatique de ces attestations"? Elles nous apprennent avant tout l’existence d’un rite destiné aux mourants, rite qui consiste dans l’onction faite avec de l’huile sainte. Le plus souvent, les documents ne nous disent pas davantage. Chez quelques-uns, les renseignements doctrinaux sont plus abondants.

1° Ce rite est d’un usage courant dans l'Église : ecclesiaslico more, dit la Vie de saint Godehard. 11 est d’origine apostolique, et on y voit l’application du conseil ou du précepte de saint Jacques : ju.xia aposlolum (Rathier) ; secundum præceplum aposloli

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